09/09/2025 | Press release | Distributed by Public on 09/10/2025 05:49
"Mesdames et Messieurs,
Pour paraphraser un auteur italien, nous sommes à « l'Heure des prédateurs ». À l'heure du rapport de forces où chacun gonfle ses muscles, compte ses alliés, fourbit ses armes économiques, militaires, idéologiques. Car l'échauffement des esprits n'est jamais loin. L'ancien chef d'état-major des Armées, le général Thierry Burkhard, disait avec justesse qu'il nous faut gagner la guerre avant la guerre. Pour cela, nous disposons d'une arme essentielle : celle de la diplomatie que vous incarnez toutes et tous, partout dans notre réseau diplomatique et ici à Paris. Car le dernier rempart avant la guerre, c'est la diplomatie.
Le moment de brutalisation du monde que nous vivons nous oblige à repenser nos modes d'action, à briser des tabous.
L'année 2025 marque les 80 ans de l'Organisation des Nations unies, clé de voûte du multilatéralisme, et les 75 ans de la déclaration Schuman, acte de naissance de l'Union européenne. Or ce monde que nous avions patiemment construit, il s'effondre sous nos yeux, sous les coups de boutoirs de nos adversaires, du front ukrainien aux réseaux MAGA, en passant par les démonstrations de force place Tienanmen.
Désormais, la force l'emporte sur le droit, la confrontation sur la coopération. Nous vivons un moment où les manœuvres, la sidération et la brutalité sont des armes assumées par les dirigeants du monde entier.
Dans ce monde de prédation, si nous sommes faibles, nous apparaissons comme des proies. Pour être libre, il faut être craint. Et pour être craint, il faut être puissant.
Nous sommes face à une guerre informationnelle, dans laquelle chacun est seul et tous les coups sont permis. C'est une bataille des récits, des images et des perceptions qui se déroule sur un terrain immense et fragmenté.
Cela confère un rôle stratégique à la direction de la communication et de la presse du ministère, en première ligne pour mener cette guerre. Je salue le nouveau directeur qui va parachever la montée en puissance engagée depuis des mois pour nous réarmer - nous et l'ensemble de nos collègues sur le terrain -, pour que nous soyons prêts à nous engager bien équipés dans un champ hautement confrontationnel.
Cette bataille touche directement le travail des diplomates.
Je pense aux manœuvres informationnelles quotidiennes sur le continent africain, qui vont jusqu'à mettre en scène le président de la République et lui prêter des propos fallacieux, par de grossières créations dues à l'intelligence artificielle. Au Sahel ou en Afrique centrale, Moscou remplace les combattants de Wagner par des mercenaires du champ informationnel. Ils mènent des opérations anti-françaises débridées, en ligne et sur les réseaux, en se faisant passer pour des journalistes locaux. Le seul but du Kremlin est d'obtenir des concessions de la part des États africains, de verrouiller les positions économiques russes, et d'exploiter les ressources énergétiques et minières du continent.
Je pense aux nombreuses campagnes de manipulation de l'information qui nous ciblent, dans le but d'empêcher la France de reconnaître l'État de Palestine dans quelques jours à New York. Certains veulent faire croire que nous soutenons secrètement le Hamas alors même que nous avons réussi l'exploit de convaincre les pays arabes d'accepter une gouvernance future de Gaza dont le Hamas sera exclu.
Je pense aux attaques qui caricaturent notre conception de la liberté, de la laïcité, du vivre ensemble. On caricature nos lois et notre histoire pour nous faire apparaître comme un État autoritaire. Ceux qui nous attaquent n'ont honte de rien, et il faut désormais se faire à l'idée que ces attaques proviennent non seulement de nos adversaires, mais aussi de certains de nos partenaires désinhibés. C'est le nouveau paradigme dans lequel notre métier doit continuer de s'exercer.
Un monde d'ingérences étrangères décomplexées.
Un monde où les empires s'attaquent à nos processus électoraux : en Roumanie, en Moldavie, en Allemagne, c'est la démocratie qui est bousculée. Nos adversaires tentent de manipuler des élections pour en maîtriser l'issue, ici même, sur le continent européen, notre continent, où naquit la démocratie, ce régime où « le pouvoir n'est pas aux mains d'un petit nombre, mais de la majorité » écrivait Thucydide, il y a 2.500 ans !
La France n'est pas en reste. Elle est le deuxième pays le plus ciblé après l'Ukraine - justement parce qu'elle soutient l'Ukraine et qu'elle a dit, avant les autres, qu'elle était prête à contribuer à des garanties de sécurité.
Il ne se passe pas un jour sans que de nouveaux contenus manipulatoires soient bombardés dans notre débat public. Pourquoi ? Pour dissuader les Français de soutenir l'Ukraine. Pour mieux embrasser une « paix » selon les termes russes, c'est-à-dire une capitulation complète devant une guerre de colonisation déclenchée par Vladimir Poutine.
Nous sommes une puissance respectée, donc enviée. Forte, donc jalousée. Porteuse de valeurs, donc contestée. Mais face aux attaques, nous avions l'habitude de faire le dos rond. Trop longtemps, la diplomatie française s'est tue : s'est retenue par politesse, par respect des codes diplomatiques. Désormais, nous devons mettre les deux pieds dans l'arène. Car on ne gagne pas une guerre si on ne le mène pas. Notre objectif doit être assumé : c'est de dissuader nos adversaires de s'en prendre à la France.
Nous n'avons plus le luxe de nous enfermer dans un silence stratégique protecteur. Nous devons nous engager pour gagner la bataille des perceptions - nous engager au sens militaire du terme - avec la ferme ambition de reprendre à nos adversaires un terrain qu'ils ont investi massivement à coups de bots, d'algorithmes opaques et de proxies.
Pour pouvoir s'engager et gagner il faut d'abord se réarmer.
C'est pourquoi, depuis plusieurs mois, le Quai d'Orsay a fait une priorité de son réarmement dans la guerre informationnelle.
S'armer, c'est d'abord avoir toutes les cartes pour comprendre face à quoi et à qui l'on s'engage : nous avons donc équipé nos veilleurs des outils dont ils avaient besoin, ici et en poste, à travers le monde, pour détecter et analyser en temps réel les campagnes dans le champ informationnel qui ciblent les intérêts français. Nous avons adopté une trajectoire ambitieuse et le déploiement de ces outils se poursuivra en 2026.
Se réarmer, c'est ensuite se mettre en capacité de riposter, de parer les coups ou bien d'en rendre. Non plus subir, puis comprendre, mais anticiper et riposter rapidement, sans laisser de champ libre à nos adversaires.
C'est pourquoi, vous l'avez vu, en cette rentrée nous nous sommes dotés d'un compte de riposte qui inclut une part d'automatisation. Il vient d'être lancé : « French Response ». C'est une première ! Il permettra de riposter aux attaques mensongères dont nous sommes la cible en projetant directement nos réponses dans les conversations hostiles. L'objectif, c'est de rétablir les faits et redresser les perceptions, en poussant proactivement les lignes françaises.
Le compte « French Response » est une arme de plus pour contrer les arguments qui mettent à mal nos positions. En osant une forme d'automatisation, pour poster plus rapidement et dans différentes conversations en même temps, nous voulons faire entendre parler de la France !
C'est une riposte assumée, faite pour être remarquée, automatisée pour nous permettre de répondre à l'échelle, et de neutraliser les attaques qui nous visent.
Veille et riposte donc : nous nous réarmons par les outils. Mais aussi en musclant notre doctrine et nos pratiques.
La nature même du métier de diplomate, c'est d'être capable de jouer sur plusieurs registres : dialoguer de manière constructive, tout en étant intransigeant face aux provocations. Les derniers mois nous ont appris à manier une nouvelle grammaire diplomatique. Une grammaire qui assume une frontalité additionnelle sur les réseaux sociaux, tout en poursuivant des manœuvres diplomatiques conjointes avec un partenaire.
Les médias instantanés offrent une prime à celui qui dégaine le premier, à qui parle le plus fort. C'est pourquoi nous devons être plus rapides, plus créatifs mais aussi plus assertifs.
Qu'avons-nous face à nous ?
Des services russes, dont l'objectif est de sidérer les Européens, de rendre inopérant leur esprit critique, en leur faisant peur - la peur, qu'ils décrivent comme « l'émotion la plus puissante de la psyché humaine ».
Des communautés MAGA aux millions de followers, qui offrent une caisse de résonance inédite à une rhétorique idéologique sur « l'Europe fasciste », « l'Europe qui censure ».
Des compétiteurs qui jouent à isoler l'Occident en le dépeignant comme décadent.
Le tout porté par des algorithmes qui promeuvent l'émotion, la colère, l'indignation, la révolte.
Mesdames et Messieurs,
La France a des armes à faire valoir face à ces menaces.
Notre pays n'a jamais cru dans la peur, mais dans la raison. Celle de l'esprit critique de Voltaire, celle de Diderot et de son Encyclopédie, celle des Lumières.
Nous devons donner aux armes de l'esprit les moyens d'être entendus au milieu des vagues d'émotions, en bâtissant une communication stratégique robuste, ambitieuse et qui imprime sa marque dans la durée.
Pourquoi ne l'avons-nous pas fait jusqu'ici, ou pas suffisamment ?
Peut-être que nous avons longtemps été convaincus, comme Descartes, que le bon sens était la chose du monde la mieux partagée. Que les principes de la déclaration des Droits de l'Homme et du Citoyen s'imposeraient d'eux-mêmes, qu'il suffisait de les énoncer pour qu'ils gagnent les cœurs. Le réveil est brutal : aujourd'hui, on se rend compte qu'il nous faut les défendre pied à pied.
La deuxième raison, c'est que nous avons trop longtemps pensé que, parce que nous avons été influents par le passé, nous pourrions le rester simplement en nous adaptant. Dans un monde de hard power, l'influence doit âprement se conquérir par d'autres moyens, et ils ont un coût. Il y a 10 ans, nous avons tourné une première page en embrassant la diplomatie économique. On a compris qu'il fallait attirer. C'est tout le sens de « Choose France » : des investissements étrangers que nous allons proactivement chercher pour dynamiser notre économie. Aujourd'hui, nous sommes appelés à une révolution similaire : dans un monde de hard power, l'influence doit âprement se conquérir. Et elle a un coût.
C'est la troisième idée reçue dont nous devons nous défaire : croire que la communication est gratuite. Au contraire, nous devons y investir de façon structurée et développer nos projets main dans la main avec les acteurs privés dont c'est le métier.
Enfin, dans le champ informationnel, les institutions ne peuvent pas tout, elles partent même avec le handicap qui vient de leur caractère institutionnel, qui n'est pas valorisé par les algorithmes des réseaux sociaux. A l'heure où de nouveaux prescripteurs tiennent le haut du pavé, nous devons aussi apprendre à travailler avec eux.
Aujourd'hui, le quai d'Orsay est dans une nouvelle dynamique. Nous dépassons toutes ces idées reçues en structurant notre action dans le champ des perceptions.
Concrètement, cela signifie :
Donner la priorité à un travail sur les narratifs, les « mises en récit » de notre action, nos intentions, nos efforts politiques ;
Bâtir un effort de planification pour traduire ces narratifs en campagnes stratégiques ;
Cela signifie ensuite décliner régionalement et localement les messages pertinents via notre réseau ;
Enfin, cela signifie mobiliser davantage nos postes auprès de leur écosystème immédiat afin de structurer leurs interactions avec toutes les parties prenantes.
Cet effort additionnel ne peut se traduire qu'en fonctionnant en réseau, au-delà même de nos postes diplomatiques :
En mobilisant la réserve diplomatique, qui peut fournir des appuis numériques ponctuels pour la création de contenus, la formation, l'assistance à la riposte ;
En travaillant étroitement avec les opérateurs de l'État, qui subissent également des opérations de désinformation et peuvent prendre une place importante dans notre action sur le terrain ;
En nous appuyant sur l'ensemble de l'écosystème français, au sein de la société civile, agissant dans le champ de la lutte informationnelle ;
En construisant des réflexes de défense commun avec nos alliés.
Mesdames et Messieurs,
L'approche du Quai d'Orsay dans le champ informationnel a toujours été double :
D'une part, lutter en temps réel contre les manipulations de l'information, en montant en puissance sur la veille, la riposte et les campagnes ;
D'autre part, œuvrer partout dans le monde pour la préservation de l'intégrité de l'information. C'est un travail de long terme, un travail de conviction, car nous avons toujours défendu l'idée que des médias indépendants forts sont un pilier essentiel à la démocratie et un facteur de stabilité sur tous les continents.
Pour cette raison, le ministère de l'Europe et des affaires étrangères est fier d'apporter un soutien solide aux écosystèmes médiatiques et informationnels à travers le monde, afin d'en renforcer la résilience.
Le ministère de l'Europe et des affaires étrangères s'est doté d'une feuille de route pour 2023-2027, dédiée aux médias et au développement, sous la responsabilité de sa direction générale de la mondialisation (DGM).
Le premier pilier consiste à soutenir les journalistes, à les aider à monter en compétence face à la place grandissante de l'intelligence artificielle, notamment. C'est ce que nous faisons grâce à notre opérateur Canal France International (CFI) : ce sont plus 2.000 acteurs de l'information formés à travers le monde qui, à leur tour, promeuvent la vérification de l'information dans leurs pays respectifs.
Tout à l'heure, vous allez rencontrer des journalistes issus du programme « Voix en Exil » que nous avons lancé l'année dernière. Ce programme, c'est la mission même de la France : être une terre d'accueil pour les journalistes bâillonnés, interdits de s'exprimer dans leur pays, alors qu'ils n'aspirent qu'à une chose : informer. Nous les accueillons ici, à Paris. C'est notre fierté et notre honneur. Parce que rien ne doit entraver la liberté d'expression. Une presse libre et indépendante, c'est l'oxygène de la démocratie.
Deuxième pilier : le soutien aux médias d'intérêt public. Car des médias indépendants sont non seulement un contrepouvoir essentiel en démocratie, mais aussi un facteur de paix et de stabilité. Depuis sa création en 2022, la France contribue au Fonds international pour les médias d'intérêt public (IFPIM). Ce n'est d'ailleurs pas hasard si son siège est à Paris. Nous sommes l'un des moteurs de cette initiative, dans laquelle nous avons entraîné nos partenaires. Plus de 100 médias ont été soutenus dans 30 pays.
Nous avons également lancé, avec Reporters sans frontières, un Partenariat pour l'Information et la Démocratie, qui compte aujourd'hui 55 États signataires, dont le Brésil et l'Ukraine qui ont rejoint l'initiative cette année.
Troisième pilier : promouvoir et valoriser la production d'information fiable, libre et indépendante.
Ce sujet de la liberté d'expression, depuis plusieurs mois, a été politisé. Ici en France, on croit à la rigueur des faits, à la preuve scientifique.
Aujourd'hui, n'importe qui peut être prescripteur de sa propre vérité. Ce n'est pas l'idée que nous nous faisons du métier de journaliste. C'est pourquoi nous voulons aider les médias à se doter d'un cadre de travail commun, un cadre éthique. C'est l'idée du système de certification mis en place par la Journalism Trust Initiative. C'est à l'heure actuelle ce qui se fait de mieux en termes de standards internationaux. La France soutient ce dispositif créé par Reporters sans frontières, qui vise à aider les journalistes professionnels à faire leur travail dans un environnement où la multiplicité des acteurs peut faire perdre de vue la qualité de l'information. Concrètement, ce sont 1.700 médias qui sont engagés aujourd'hui dans ce processus de certification. À terme, l'objectif est que les moteurs de recherches puissent faire remonter en priorité les médias respectant cette norme.
En matière de conflits, l'intégrité de l'information est essentielle. Quand il devient difficile de s'extraire du brouillard de la guerre, il est important de disposer d'une couverture indépendante et transparente des évènements, assurée localement par des rédactions fiables. C'est notre conviction, et c'est la raison pour laquelle, nous avons directement financé l'ouverture de trois hubs :
À Bucarest, où Canal France International et France Média Monde ont ouvert un hub pour accueillir 40 journalistes ukrainiens en exil, afin qu'ils puissent poursuivre leur activité, ainsi qu'une nouvelle rédaction de RFI en ukrainien ;
À Dakar, pour soutenir la diffusion d'une information fiable en haoussa, en mandenkan et fulfulde ;
À Beyrouth, pour permettre une couverture équilibrée du conflit à Gaza.
La France est de tous les combats pour défendre la liberté d'expression. Elle porte une voix forte au service de l'intégrité de l'information. C'est un sujet beaucoup trop sérieux pour être instrumentalisé politiquement. Nos citoyens ont le droit à une information fiable, intègre et juste. C'est ce que nous défendons au niveau français, au niveau européen, à l'OTAN, à l'OCDE et dans toutes les instances multilatérales.
Je veux remercier nos partenaires étrangers, allemands et polonais, qui sont là aujourd'hui. Si vous êtes parmi nous, c'est que vous êtes engagés dans la même dynamique que nous, que vos services s'organisent également pour faire face à la guerre informationnelle. Ensemble, nous avons le désir de mener, au cours des prochains mois, des opérations communes, des attributions, des ripostes, des campagnes. C'est ainsi que nous entraînerons les autres à notre suite.
S'agissant de la désinformation climatique, c'est un sujet auquel nous sommes particulièrement attentifs car il en va de la défense de l'esprit scientifique. La France est aux avant-postes de ce combat depuis la COP21 et les Accords de Paris, signés il y a 10 ans. Cet engagement ne se dément pas : nous avons accueilli en juin dernier, avec la Conférence des Nations Unies sur l'Océan, le plus grand événement jamais organisé sur le sujet, qui a réunis des milliers de chercheurs et de scientifiques. Récemment, la France a rejoint « l'initiative mondiale pour l'intégrité de l'information climatique », lancée par le Brésil lors du dernier sommet du G20. Les présidents Lula et Macron ont conjointement appelé les autres pays à se joindre à nos efforts pour lutter contre la désinformation climatique, et réaffirmer le rôle central de la science dans ce combat pour préserver notre planète.
Comme vous le voyez, la France est pleinement mobilisée. Et ce n'est pas fini ! Nous vous donnons rendez-vous au Forum de Paris pour la Paix, les 29 et 30 octobre prochain. À cette occasion, la France accueillera la Conférence internationale sur l'intégrité de l'information. Cette conférence, organisée par le Fonds international pour les médias d'intérêt public (IFPIM) et le Forum pour l'information et la démocratie (FID), réunira une coalition internationale d'États et d'acteurs engagés en faveur d'un espace de l'information régulé, sain et vecteur de paix.
Vous l'avez vu, la France joue un rôle décisif sur la scène internationale pour préserver un champ informationnel qui protège les citoyens, leur données, leur sécurité en ligne comme dans la vraie vie.
Au moment de la présidence française de l'Union européenne, en 2021, nous avons coordonné l'adoption du Digital Services Act (DSA) qui responsabilise les plateformes en les obligeant à sanctionner les comportements illégaux et contraires à leurs règles.
Ce DSA est aujourd'hui attaqué par l'administration américaine qui cherche à en exempter ses géants du numérique. Je veux vous dire que la France continuera de porter ce combat, car l'autorégulation des plateformes ne fonctionne pas. Et la transparence des algorithmes est un enjeu majeur pour notre débat public. Le MEAE participe au dialogue avec les plateformes, notamment pour lutter contre les contenus terroristes en ligne (l'Appel de Christchurch, lancé en 2019) et améliorer la sécurité et la stabilité du cyberespace (l'Appel de Paris de 2018).
Sur ce sujet aussi, nous allons continuer à nous faire entendre, comme les équipes l'ont fait en juillet dernier en lançant une campagne de riposte sur la liberté d'expression, en s'appuyant sur une vingtaine d'ambassades. Cela nous a permis de tenir des lignes aujourd'hui ouvertement menacées, celles de notre modèle européen unique au monde qu'il nous revient de défendre collectivement.
Mesdames et Messieurs,
La grandeur d'une nation se mesure à sa contribution à la liberté du monde, comme le disait le général de Gaulle à propos de la France.
Alors ne restons pas figés dans la sidération, l'indignation ou la dénonciation. Saisissons au contraire ce moment où les règles du jeu sont rebattues pour nous engager pleinement dans la bataille des perceptions, chacun avec son audace et son sens de la situation.
C'est tout l'objet de cette journée que de se laisser inspirer par ceux qui ont réussi à capitaliser sur les nouvelles règles du jeu.
Nous avons souhaité que cette matinée soit l'occasion d'entendre directement de la bouche de nos diplomates engagés sur le terrain leur implication croissante dans la guerre informationnelle - à Washington, à Chisinau, à Yaoundé…
Merci à tous ceux qui sont venus de loin pour témoigner des nouvelles exigences de leur métier dans un monde plus brutal, et pour partager avec nous les nouvelles pratiques qu'ils ont déployées pour défendre, partout, la voix de la France."