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01/15/2025 | Press release | Distributed by Public on 01/15/2025 15:12

Le Secrétaire général explique comment agir en 2025 après que le monde a ouvert « une boîte de Pandore des temps modernes » par ses actions passées ou son inertie

La déclaration suivante a été faite, aujourd'hui, par le Secrétaire général de l'ONU, M. António Guterres:

Permettez-moi tout d'abord de vous souhaiter, ainsi qu'à vos familles, une très bonne année 2025, pleine de bonheur et de santé. Commençons par les bonnes nouvelles.

Que nous soyons accablés par la tourmente que traverse le monde est bien compréhensible. Mais alors que nous regardons devant nous, nous ne devons jamais perdre de vue les progrès et les possibilités qu'offre l'année à venir.Et il y a quelques lueurs d'espoir.

Les négociations pour un accord de cessez-le-feu et de libération des otages à Gaza sont dans la dernière ligne droite. Pendant ce temps, le cessez-le-feu au Liban est en grande partie respecté - et le pays a enfin pu élire un Président après plus de deux années dans l'impasse.

Sur le front du climat, le monde investit aujourd'hui presque deux fois plus dans les énergies propres que dans les combustibles fossiles. Presque partout, l'énergie solaire et l'énergie éolienne sont désormais les sources d'électricité les moins chères et celles qui connaissent la croissance la plus rapide de l'histoire.

Dans une grande partie du monde, la parité entre les filles et les garçons a été atteinte dans le domaine de l'éducation. Jamais autant d'enfants n'ont survécu. Les infections à VIH continuent de diminuer de façon spectaculaire, de même que les taux de mortalité due au paludisme.

De nouvelles mesures concrètes ont été prises pour faire diminuer le nombre de mariages d'enfants, protéger nos océans et élargir l'accès à Internet. Nous commençons 2025 portés par les engagements du Pacte pour l'avenir, du Pacte numérique mondial et de la Déclaration sur les générations futures.

Ces mesures sont une affirmation du pouvoir et de la vocation de nos Nations Unies en cette année qui marque notre quatre-vingtième anniversaire. Contre vents et marées, le monde s'est rassemblé au sein de l'Organisation des Nations Unies pour affronter certains des problèmes les plus inextricables.

Pour apaiser les tensions. Pour forger et maintenir la paix. Pour fixer des objectifs audacieux afin de lutter contre la pauvreté, la faim, les inégalités et les changements climatiques. Pour demander des comptes pour les violations du droit international, y compris le droit international en matière de droits humains. Pour acheminer une aide vitale jusqu'aux endroits du monde où règne le plus profond désespoir.

Depuis le premier jour, l'Organisation représente la conscience mondiale. Dans un monde qui semble vouloir la destruction, notre Organisation est une force de construction. Et chaque jour, nous continuons à améliorer notre action et nos résultats. Qu'il s'agisse du renforcement du système des Nations Unies pour le développement sur le terrain… ou de la réalisation de la parité femmes-hommes au plus haut niveau.

Nous restons avides de réformes - nous nous employons à être plus efficaces et plus efficients… à simplifier les procédures et à décentraliser les décisions… à renforcer la transparence et l'application du principe de responsabilité… et à réorienter les ressources pour investir dans les données, le numérique, l'innovation, la prospective stratégique et les sciences du comportement grâce à l'initiative ONU 2.0.

L'ONU est le reflet d'une vérité essentielle: les problèmes mondiaux exigent des solutions mondiales. Plus les Nations Unies agissent ensemble pour relever les grands défis partout dans le monde, moins le fardeau qui pèse sur chaque pays est lourd. C'est cet esprit d'espoir - ancré dans l'action - qui doit nous faire aller de l'avant.

Oui, il y a du progrès dans notre monde tumultueux. Mais ne nous faisons pas d'illusions: notre monde est réellement en pleine tourmente et en proie à de graves incertitudes. Nos actions - ou notre inertie - ont ouvert une boîte de Pandore des temps modernes.

Quatre des maux qu'elle contient se singularisent parce qu'ils représentent des menaces qui pourraient, au mieux, désorganiser nos priorités sous tous leurs aspects et, au pire, remettre en cause notre existence même: le déchaînement des conflits, les inégalités généralisées, la crise climatique qui fait rage, et une technologie qui échappe à tout contrôle.

La bonne nouvelle, c'est que nous avons les plans qui nous permettront de relever ces défis. Nous n'avons pas besoin de réinventer la roue. Nous devons la faire tourner. Grâce à l'accélération et à la transformation - guidés par le Pacte pour l'avenir, dont l'application sera au cœur de nos priorités en 2025.

Commençons par la paix. Les conflits se multiplient, et ils deviennent plus chaotiques et plus meurtriers. L'aggravation des divisions géopolitiques et la méfiance jettent de l'huile sur le feu. La menace nucléaire est à son plus haut niveau depuis des décennies. Les droits humains dans leur ensemble sont constamment pris pour cible.

L'impunité est endémique - marquée par des violations récurrentes du droit international, du droit international humanitaire et de la Charte des Nations Unies, et des attaques systématiques contre nos institutions elles-mêmes.

À Gaza, nous avons sans relâche demandé un cessez-le-feu immédiat. La libération immédiate et sans condition de tous les otages. Et des mesures immédiates pour la protection des civils et l'acheminement de l'aide vitale.

Je tiens à saluer une fois de plus celles et ceux qui sont la colonne vertébrale de la réponse humanitaire - nos collègues de l'UNRWA.

Bien sûr, rien ne peut justifier les attaques terroristes menées par le Hamas le 7 octobre. Et rien ne peut justifier l'ampleur catastrophique des pertes humaines et des destructions infligées au peuple palestinien.

Depuis des mois, la souffrance est sans limite et l'horreur sans fin. J'exhorte toutes les parties à finaliser un accord de cessez-le-feu et de libération des otages. Dans toute la région, nous assistons à un remodelage du Moyen-Orient. Ce qui en résultera est beaucoup moins clair.

En Israël et en Palestine, verrons-nous une décision irréversible conduisant à une solution des deux États, conformément aux résolutions de l'ONU, au droit international et aux accords antérieurs - comme nous l'avons constamment préconisé? Ou bien assisterons-nous plutôt à une annexion continue par Israël… au déni de la des droits et de la dignité du peuple palestinien… et à la destruction de toute chance de paix durable?

En Syrie, après des années d'effusion de sang, verrons-nous un pays qui peut enfin être un havre pour les différentes confessions, traditions et communautés et façonne un avenir inclusif, libre et pacifique - alors que nous continuons à tout faire en ce sens? Ou bien verrons-nous une fragmentation, et les droits des minorités, des femmes et des filles être foulés aux pieds?

En Iran, verrons-nous des mesures concrètes pour garantir une renonciation claire de tout programme d'armes nucléaires… et des contributions à un nouveau cadre de sécurité régional dans lequel la souveraineté de chaque État est respectée - qui permette la pleine intégration de l'Iran dans l'économie mondiale? C'est ce que nous espérons voir se réaliser. Ou verrons-nous une escalade aux conséquences imprévisibles?

Dans toute la région, nous devons refuser aux extrémistes le droit de veto sur un avenir pacifique.

Ce soir, je me rends au Liban pour exprimer ma solidarité au peuple libanais et à nos forces de maintien de la paix.

Il s'est ouvert une porte permettant d'entrer dans une ère de stabilité institutionnelle, où l'État serait pleinement en mesure de protéger ses citoyens, et où le système permettrait au peuple libanais d'exploiter son énorme potentiel. Nous ferons tout pour que cette porte reste grande ouverte - une porte qui permettra aux Libanais comme aux Israéliens de vivre en sécurité.

Une grande souffrance afflige également le reste du monde, au-delà du Moyen-Orient.

En Ukraine, la guerre est sur le point d'entrer dans sa quatrième année. Nous ne devons ménager aucun effort pour parvenir à une paix juste, durable et globale, conformément à la Charte des Nations Unies, au droit international et aux résolutions de l'Assemblée générale.

Au Soudan, les parties belligérantes ont provoqué des effusions de sang à grande échelle, la plus grande crise de déplacement au monde et la famine. Nous engageons toutes les parties à protéger les civils, à désamorcer le conflit et à trouver un chemin vers la paix.

Au Sahel, nous œuvrons avec nos partenaires en faveur d'un dialogue renouvelé pour renforcer la coopération régionale et faire face aux menaces communes, y compris l'extrémisme violent et la terreur.

En Haïti, les gangs criminels armés continuent de sévir. Nous devons à tout le moins faire en sorte que la Mission multinationale d'appui à la sécurité bénéficie d'un financement durable et prévisible.

Tout comme nous devons le faire pour la Mission d'appui et de stabilisation de l'Union africaine en Somalie.

Du Myanmar à la République démocratique du Congo et au Yémen, et bien au-delà, nous devons continuer à œuvrer pour la paix.

Et cela implique notamment la promotion des engagements pris dans le Pacte pour l'avenir: donner la priorité à la prévention des conflits, à la médiation, à la résolution des conflits et à la consolidation de la paix; continuer à renforcer le maintien de la paix; inclure véritablement les femmes dans les processus politiques et de paix; conclure le premier accord multilatéral sur le désarmement nucléaire depuis plus d'une décennie; de nouvelles stratégies pour mettre fin à l'utilisation d'armes chimiques et biologiques; des mesures essentielles pour prévenir une course aux armements dans l'espace et faire progresser les discussions sur l'utilisation d'armes autonomes létales; et une véritable compréhension des répercussions sur le développement durable de la course aux armements menée aujourd'hui.

Cette boîte de Pandore moderne propage également les inégalités. Ces énormes inégalités sont le signe indéniable que quelque chose est profondément rompu dans nos systèmes sociaux, économiques, politiques et financiers.

Il est possible de venir à bout des inégalités - si nous nous engageons à mener des politiques qui favorisent l'équité, au lieu de nous accrocher aux vieilles recettes qui ont tant échoué. Nous devons agir sur plusieurs fronts.

Il faut d'abord accélérer les efforts pour atteindre les objectifs de développement durable (ODD). À cinq ans de 2030, moins d'un cinquième des objectifs sont en bonne voie - une situation aggravée par un déficit de financement annuel de 4 000 milliards de dollars.

Accélérer exige de se concentrer sur les domaines à fort impact - comme l'éradication de la pauvreté, la sécurité alimentaire, l'éducation de qualité pour tous, la protection sociale, une couverture sanitaire universelle, l'accès à l'énergie, la transition numérique et la réduction des effets du changement climatique.

Nous devons aussi accorder une attention toute particulière aux besoins de l'Afrique.

Le financement est essentiel.

Le Pacte pour l'Avenir apporte un soutien clair à un Plan de relance des Objectifs de développement durable pour aider à combler l'écart de financement.

Il appelle les donateurs à respecter leurs engagements en matière d'aide publique au développement, et le secteur privé à investir dans le développement durable. Enfin, le Pacte plaide pour des systèmes solides de protection sociale, des échanges commerciaux ouverts favorisant la croissance et le développement des pays - et une fiscalité au service de l'équité et d'une prospérité partagée.

Nous devons également lutter contre les inégalités en réformant et en modernisant les institutions financières mondiales afin qu'elles reflètent l'économie de notre époque - et non celle de 1945.

Les pays en développement doivent être équitablement représentés dans la gouvernance des institutions dont ils dépendent.

Nous devons renforcer le filet de sécurité mondial - et considérablement accroître la capacité de prêt des banques multilatérales de développement, les rendant ainsi plus grandes et plus audacieuses.

Et nous devons veiller à ce que les financements concessionnels soient octroyés là où ils sont les plus nécessaires, en tenant compte des vulnérabilités et pas seulement du PIB par habitant.

Nous allons multiplier nos appels en faveur d'actions significatives pour aider les pays surendettés ou au bord du surendettement - afin qu'ils disposent d'une plus grande capacité budgétaire pour investir dans les ODD.

Dans le même temps, nous devons renforcer et améliorer l'architecture de la dette souveraine pour permettre aux États d'emprunter en toute confiance, comme l'exige le Programme 2030. J'ai demandé à un groupe d'experts de proposer des mesures concrètes en vue de sortir de cette impasse et d'impulser un élan d'action sur la dette.

Cette année, nous disposons d'opportunités rares pour réaliser des avancées majeures sur les Objectifs de développement durable.

De la Conférence sur le financement du développement… au Sommet mondial pour le développement social… du Sommet G20 sous la Présidence de l'Afrique du Sud… à la COP30 au Brésil… à la Conférence de l'ONU sur l'océan… ou encore à Beijing + 30.

Ce qui m'amène à évoquer un autre moyen essentiel pour combattre les inégalités - le développement des opportunités pour les femmes et les filles.

Le Pacte pour l'Avenir appelle tous les pays à atteindre une pleine égalité entre les genres.

En levant tous les obstacles juridiques, sociaux et économiques.

En prenant des mesures ciblées et rapides pour mettre fin à toute forme de violence et de harcèlement envers les femmes et les filles - y compris les violences sexuelles et sexistes.

En accélérant les investissements pour combler l'écart salarial entre les genres, notamment dans l'économie des soins.

Et en garantissant une participation et des opportunités de leadership égales - que ce soit dans les conseils d'administration, les sphères de pouvoir politique ou encore les secteurs d'économies verte et numérique.

Nous devons aussi lutter contre les inégalités en soutenant la jeunesse, partout dans le monde.

La Déclaration sur les générations futures engage à renforcer la participation des jeunes aux processus décisionnels - aux niveaux national et mondial.

C'est ce que nous faisons grâce à notre nouveau Bureau des Nations Unies pour la jeunesse, qui est désormais pleinement opérationnel. Et le Pacte numérique mondial appelle tous les pays à soutenir les jeunes innovateurs, à cultiver l'esprit entrepreneurial et à doter la prochaine génération des connaissances et compétences numériques nécessaires.

Les inégalités sont également alimentées par les fléaux de la discrimination et des discours de haine. Nous devons œuvrer en faveur de communautés inclusives et mettre fin à la propagation de la haine et de l'intolérance - y compris l'antisémitisme, l'islamophobie, et la discrimination envers les communautés chrétiennes minoritaires.

Cela est d'autant plus important à l'heure où les mécanismes de protection sur les réseaux sociaux sont démantelés - laissant libre cours à la prolifération de la désinformation et des discours haineux.

De la boîte de Pandore a aussi surgi la crise climatique qui dévaste et ravage notre monde.

Il suffit de regarder les collines de Los Angeles. Berceaux des films catastrophes, elles sont devenues une scène de catastrophe.

Mais qui paie le prix de la destruction climatique partout dans le monde?

Certainement pas le secteur des combustibles fossiles, qui empoche les profits et les subventions des contribuables alors que ses produits causent des dommages considérables.

Ce sont les gens ordinaires qui souffrent: leur vie et leurs moyens de subsistance en pâtissent; les primes d'assurance augmentent, les cours de l'énergie sont volatiles et les prix alimentaires sont en hausse. Et ce sont en particulier les plus vulnérables, celles et ceux qui ont le moins contribué au déclenchement de ce désastre.

Avant l'Accord de Paris, nous nous dirigions vers une augmentation des températures de plus de quatre degrés d'ici à la fin du siècle. Il est vrai que nous infléchissons lentement la courbe.

Mais depuis l'adoption de l'Accord de Paris, chaque année a aussi été l'une des plus chaudes jamais enregistrées - et l'an dernier, pour la première fois, nous avons franchi la limite de 1,5 °C.

En même temps, une formidable possibilité s'offre à nous: rien ne peut arrêter la révolution des énergies renouvelables, et les gens ordinaires en profiteront. Le coût de la vie sera moins élevé et la santé s'améliorera; la sécurité et la souveraineté énergétiques seront assurées, des emplois de qualité seront créés et des millions de personnes auront accès à une énergie bon marché.

Dix ans après l'Accord de Paris, 90% des pays du monde se sont maintenant engagés à atteindre l'objectif de zéro émission nette. Mais nous devons redoubler d'efforts.

Nous devons passer la vitesse supérieure et atteindre collectivement les objectifs de l'Accord de Paris.

Le calcul est simple: les émissions mondiales doivent atteindre leur maximum cette année et diminuer rapidement ensuite si nous voulons avoir le moindre espoir de limiter l'élévation à long terme de la température mondiale à 1,5 °C.

Cette année, chaque pays s'est engagé à présenter pour l'ensemble de l'économie de nouveaux plans d'action nationaux pour le climat, ou contributions déterminées au niveau national, qui cadrent avec l'objectif de 1,5 °C.

Ces nouveaux plans sont l'occasion de tirer parti des possibilités qu'offre l'ère de l'énergie propre. Ils doivent porter sur tous les secteurs et tous les gaz à effet de serre.

Ensemble, ils doivent faire diminuer les émissions de 60% d'ici à 2035, par rapport aux niveaux de 2019, et fixer des objectifs clairs de réduction de la production et de la consommation de combustibles fossiles. Ils doivent aussi indiquer comment chaque pays contribuera à la réalisation des objectifs mondiaux convenus à la COP28, concernant la déforestation et la transition énergétique.

Les membres du G20 doivent montrer l'exemple, compte tenu de l'ampleur de leurs émissions.

Tout cela doit être réalisé conformément au principe des responsabilités communes mais différenciées.

Nous savons bien que les circonstances et les capacités varient d'un pays à l'autre, et nous savons également que tous les pays doivent faire davantage. Et l'Organisation des Nations Unies en fera davantage.

Je travaille en étroite collaboration avec le Président brésilien, M. Lula, dont le pays accueillera la COP30, afin de mobiliser l'action.

Et j'écris aux dirigeants des plus grandes économies, qui sont les plus grandes émettrices, pour les encourager à coopérer et à saisir cette chance. Parallèlement, le système des Nations Unies aide près d'une centaine de pays en développement à élaborer leurs nouveaux plans d'action nationaux pour le climat.

Et nous tiendrons une réunion spéciale pour faire le point sur les plans d'action de tous les pays, inciter à la mobilisation pour atteindre l'objectif de 1,5 °C, et assurer la justice climatique.

J'inviterai également des entreprises, des institutions financières, des villes, des régions, et des représentants de la société civile à venir avec des plans de transition crédibles, qui cadrent avec l'objectif de 1,5 °C et qui soient conformes à notre rapport intitulé « L'intégrité compte ».

À ceux qui, dans le monde des affaires, de la finance et ailleurs, continuent de se mobiliser en faveur d'une action climatique crédible malgré toutes les pressions, je dis ceci: « Vous êtes du bon côté de l'histoire. Persévérez. »

Et aux gouvernements, je dis ceci: « Soutenez-les. Donnez aux entreprises les assurances politiques et réglementaires dont elles ont besoin. Levez les entraves à l'action. Encouragez la transition écologique. Et accélérez le passage des engagements pris volontairement à l'établissement de règles obligatoires. »

La bataille pour l'objectif de 1,5 °C ne peut être gagnée sans une élimination rapide, juste et assortie de financements des combustibles fossiles dans le monde entier.

Aujourd'hui, les gouvernements du monde entier dépensent neuf fois plus pour rendre les combustibles fossiles moins chers qu'ils ne le font pour rendre l'énergie propre pour abordable pour les consommateurs.

Sans compter que des obstacles, comme les coûts d'investissement élevés, empêchent les pays de récolter les fruits de la révolution des énergies renouvelables. Nous devons venir à bout de ces obstacles. Et assurer systématiquement le financement de l'action climatique, y compris au moyen d'une réforme de l'architecture financière internationale.

L'accord de la COP29 sur le financement doit être pleinement appliqué.

L'ONU aidera à mobiliser le soutien en faveur de transitions énergétiques justes.

Nous prêterons main forte à l'application des politiques de tarification du carbone et à la réduction progressive des subventions aux combustibles fossiles.

Et nous soutiendrons le rôle moteur des présidences de la COP29 et de la COP30 pour ce qui est d'établir une feuille de route crédible afin de mobiliser les 1 300 milliards de dollars annuels nécessaires pour soutenir l'action climatique dans les pays en développement.

Il est temps de commencer à faire appel à des sources de financement nouvelles et innovantes, y compris en amenant les pollueurs à répondre des dégâts qu'ils ont causés.

Il faut que les pays développés tiennent la promesse qu'ils ont faite de doubler le financement de l'adaptation pour qu'il atteigne au moins 40 milliards de dollars par an à partir de cette année.

Nous devons concrétiser l'initiative Alertes précoces pour tous.

Nous devons aussi transformer l'approche mondiale des pertes et dommages, en donnant un grand coup d'accélérateur au nouveau Fonds.

Pour mettre les choses en perspective, le montant annoncé à ce jour est inférieur à celui du contrat qu'a signé récemment un joueur de baseball à New York.

Enfin, la technologie jaillit elle aussi de la boîte de Pandore.

Certes, la révolution technologique offre des possibilités sans précédent. Mais elle appelle également une gestion prudente.

Nous avons la responsabilité historique de veiller à ce que cette révolution profite à l'humanité tout entière, et pas seulement à quelques privilégiés. Le Pacte numérique mondial trace la voie à suivre pour traduire les aspirations en actions, en mettant l'accent sur l'intelligence artificielle.

L'ONU doit agir - rapidement et de manière décisive - de trois manières:

Premièrement, tout le monde doit avoir accès, à égalité, aux connaissances et aux informations les plus récentes concernant l'intelligence artificielle (IA).

Le Pacte prévoit la création d'un groupe scientifique international indépendant sur l'IA.

En rassemblant l'expertise des différentes régions et disciplines, ce groupe contribuerait à combler les lacunes en matière de savoir et aiderait chaque pays à prendre en connaissance de cause des décisions concernant l'IA.

Il pourrait devenir la ressource de référence, en offrant une analyse claire et impartiale de ce dont l'IA est capable, des possibilités qu'elle offre et des risques qu'elle fait courir.

J'exhorte l'Assemblée générale à créer sans attendre le groupe scientifique international indépendant sur l'IA.

Deuxièmement, nous devons promouvoir une gouvernance de l'IA qui protège les droits humains tout en favorisant l'innovation.

Le monde a besoin d'une IA éthique, sûre et sécurisée.

Le Pacte appelle à un dialogue mondial sur la gouvernance de l'IA:

Un espace inclusif permettant aux parties prenantes de se réunir, sous les auspices de l'ONU, afin d'élaborer et de coordonner des politiques, de mettre en commun les meilleures pratiques et d'assurer l'interopérabilité. Cette initiative s'appuierait sur d'autres initiatives mondiales existantes.

Grâce à ce dialogue, nous pourrons mettre en place des garde-fous internationaux visant à faire respecter les droits humains, à empêcher les abus et à encourager l'innovation responsable.

Nous pourrons relever les nouveaux défis, qu'il s'agisse des biais algorithmiques ou de la confidentialité des données.

Et nous pourrons favoriser un accès équitable aux critères de référence et aux outils de gouvernance en matière d'IA, en veillant à ce que les pays à faible revenu aient voix au chapitre dans l'établissement des normes de gouvernance.

J'exhorte l'Assemblée générale à prendre des dispositions pour que le dialogue commence cette année et se poursuive régulièrement.

Et je me réjouis de travailler avec l'Espagne et le Costa Rica, en tant que cofacilitateurs, pour concrétiser ces efforts et, plus généralement, les mesures que le Pacte prévoit concernant la gouvernance de l'IA.

Troisièmement, nous devons aider les pays en développement à mettre l'IA au service du développement durable.

L'IA peut contribuer à réduire la pauvreté, à améliorer les soins de santé et l'éducation, à accélérer les découvertes scientifiques et à favoriser une croissance durable. Mais pour cela, il faut combler le fossé mondial en matière d'IA.

Je présenterai prochainement un rapport sur les modèles innovants de financement volontaire et les initiatives de renforcement des capacités, afin d'aider les pays du Sud à tirer parti de l'IA pour le bien commun.

Pour atteindre tous ces objectifs, un nouveau Bureau des technologies numériques et émergentes apportera son concours aux États Membres en facilitant la coordination dans le système des Nations Unies et avec les mécanismes existants.

Je remercie l'Assemblée générale d'avoir créé le Bureau et je vous demande instamment de le doter de toutes les ressources nécessaires.

L'humanité doit rester maîtresse de la technologie. Alors que l'IA transforme notre monde, chaque pays doit contribuer à façonner l'IA.

Ensemble, faisons en sorte que l'intelligence artificielle serve les objectifs les plus nobles: le progrès, l'égalité et la dignité de tous les êtres humains.

Ce sont là les maux qui emplissent la boîte de Pandore des temps modernes que nous devons affronter en priorité: conflits, inégalités, crise climatique et dangers d'une technologie incontrôlée.

Mais j'aimerais conclure par ceci.

Le mythe de Pandore ne se résume pas à ce qui est connu du plus grand nombre.

Une lecture attentive du poème ancien révèle qu'une fois que les horreurs s'étaient échappées, Pandore remarqua qu'il restait une chose dans la boîte.

Comme l'a écrit le poète: « Seule resta l'Espérance. »

Il y a là une leçon à tirer pour notre époque. Jamais nous ne devons perdre espoir. Et nous nous emploierons à révéler cet espoir au grand jour par l'action.

Pour le réaliser. Pour le répandre. En défendant nos principes. En disant la vérité. En ne renonçant jamais.

En notre quatre-vingtième année, bâtissons un monde plus pacifique, plus juste et plus prospère, dont nous savons malgré tout qu'il est à notre portée.