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RSF - Reporters sans frontières

08/05/2025 | Press release | Distributed by Public on 08/06/2025 01:02

Guatemala : les journalistes locaux couvrant les questions environnementales sont les plus exposés au danger

Au Guatemala, le journalisme est de plus en plus criminalisé et souffre d'un manque de protection. Les journalistes locaux qui couvrent les questions environnementales sont les plus exposés. Reporters sans frontières (RSF) appelle le président Bernardo Arévalo à garantir des conditions de travail sûres à ces journalistes, en particulier ceux issus des communautés autochtones. En collaboration avec des organisations partenaires, RSF a adressé des recommandations à l'État guatémaltèque, à la communauté internationale et à la société civile.

Au Guatemala, les journalistes locaux sont en première ligne de la couverture environnementale. Mais le fait de traiter des projets extractifs, des expulsions de communautés autochtones et d'autres crimes contre la planète, les expose souvent à de graves dangers. Sans protection ni ressources, ces journalistes restent vulnérables face aux groupes criminels, à la violence étatique et au harcèlement judiciaire. Un rapport publié par RSF et sept organisations partenaires, à la suite d'une mission d'observation au Guatemala, révèle que les journalistes locaux - en particulier les femmes autochtones - sont quotidiennement confrontés à des menaces, à des actes d'intimidation et à une discrimination systémique exercée par les structures de pouvoir locales.

"Le journalisme local et environnemental se trouve dans une situation extrêmement préoccupante, qui touche principalement les journalistes issus des communautés autochtones. Bien que les peuples autochtones représentent plus de 43 % de la population guatémaltèque, les journalistes qui en sont issus ne sont pas reconnus comme des professionnels de la presse, n'ont pas accès à l'information publique dans leurs langues maternelles et subissent toutes sortes de préjugés de la part des autorités et des entreprises transnationales. Cela rend encore plus difficile la couverture des conflits liés à l'environnement et à leurs communautés. Au Guatemala, la presse est constamment criminalisée. Le gouvernement doit d'urgence reconnaître l'importance du journalisme communautaire et environnemental, et mettre en place des politiques efficaces pour le protéger et en assurer la viabilité. C'est fondamental pour la liberté de la presse et la protection de l'environnement.

Artur Romeu
Directeur du bureau Amérique latine de RSF

Violations des droits des journalistes environnementaux

Le rapport en espagnol, intitulé Periodismo Comunitario en Guatemala("Journalisme communautaire au Guatemala"), détaille les récits choquants de journalistes locaux sanctionnés pour avoir couvert des sujets environnementaux. Parmi eux, un journaliste de l'agence de presse Prensa Comunitaria, Diego Petzey, basé dans le sud-ouest du pays à Santiago Atitlán, qui a fait l'objet de poursuites pénales après avoir couvert des manifestations contre un projet hydroélectrique à grande échelle qui n'avait pas été préalablement soumis à consultation auprès de la population locale.

Autre victime, une journaliste autochtone de la radio communautaire Xyaab' Tzuultaq'a, Ana Chen, qui appartient à un groupe exposé à une double discrimination en raison de son genre et de son origine ethnique. En 2020, elle a été la cible d'une campagne de diffamation en ligne après avoir couvert des manifestations dans la ville d'El Estor, dans le centre-est du pays, à la suite des dégâts causés par les tempêtes tropicales. Cette attaque aurait été orchestrée par le bureau du maire local.

Le cadre juridique guatémaltèque ne reconnaît pas officiellement les radios communautaires - qui sont pourtant les principales sources d'information fiable sur les questions locales et environnementales -, les plaçant ainsi dans une précarité juridique permanente. En 2021, la Cour interaméricaine des droits de l'homme a ordonné à l'État du Guatemala d'indemniser quatre radios communautaires appartenant à des peuples autochtones qui avaient été fermées entre 2006 et 2009, et de leur attribuer de nouvelles fréquences. À ce jour, ces stations ne sont toujours pas remises en service.

Le rapport comprend les recommandations suivantes à l'État guatémaltèque :

  • reconnaître publiquement et protéger le journalisme communautaire ;
  • mettre en œuvre l'arrêt de la Cour interaméricaine des droits de l'homme concernant les radios autochtones ;
  • mettre fin au harcèlement judiciaire et aux poursuites motivées par des considérations politiques contre les journalistes ;
  • mettre en place un mécanisme de protection des reporters tenant compte des spécificités culturelles ;
  • allouer des fonds publics pour renforcer les infrastructures des médias communautaires.

Le rapport complet est disponible icien espagnol.

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Publié le05.08.2025
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