WHO - World Health Organization

04/07/2025 | Press release | Distributed by Public on 04/08/2025 08:07

Allocution d’ouverture du Directeur général de l’OMS à la reprise de la treizième réunion ‎de l’organe intergouvernemental de négociation chargé d’élaborer un Accord de l’OMS[...]

Mesdames les coprésidentes, chères Precious et Anne-Claire,

Chers vice-présidents et chère vice-présidente - Messieurs les Ambassadeurs Tovar et Ramadan, Dr Viroj et Mme Davis,

Excellences, chers collègues et amis, chères collègues et amies,

Bonjour et bon retour parmi nous. Permettez-moi de commencer par une anecdote.

C'est une conversation que j'ai eue avec un ministre à la conférence de Munich sur la sécurité, en février.

La discussion portait sur les raisons qui ont poussé tant de pays a annoncer des investissements aussi massifs dans la défense.

Ce ministre m'a dit alors : « nous devons nous préparer au pire ».

Je lui ai répondu : « Bien sûr, je comprends, mais ne faut-il pas aussi penser à se préparer à une attaque d'un ennemi invisible ? »

Il m'a dit : « Que voulez-vous dire ? Quel ennemi invisible ? »

Je lui ai répondu en ces termes :

« Un virus. Vous avez vécu, vous aussi, la pandémie de COVID-19. Officiellement, 7 millions de personnes ont perdu la vie, mais on estime que le chiffre serait en réalité de 20 millions. Outre le coût humain, la pandémie a entraîné une perte de 10 000 milliards USD pour l'économie mondiale.

Une pandémie peut tuer davantage de personnes qu'une guerre et entraîner également plus de perturbations sociales et économiques.

Ainsi, on estime que la Première Guerre mondiale aurait emporté entre 15 et 20 millions de personnes tandis que la pandémie de grippe de 1918 aurait fait 50 millions de victimes, soit plus du double.

C'est pourquoi nous parlons de sécurité sanitaire - parce que la santé est une question de sécurité. »

Si je rapporte cette conversation, c'est parce que, s'il y a bien des enjeux financiers autour de l'Accord sur les pandémies - des questions de financement et budgétaires - les sommes en jeu sont insignifiantes par rapport à celles engagées dans la défense.

Avec ce ministre et avec les autres ministres de la défense avec qui nous avons échangé, nous sommes convenus que les pays doivent trouver un équilibre : ils doivent protéger leur population non seulement des bombes, mais aussi contre les agents pathogènes.

Chères et chers collègues. Il est notable que vous entamiez ce dernier cycle de négociations aujourd'hui, en cette Journée mondiale de la Santé.

Comme vous le savez, la Journée mondiale de la santé marque l'anniversaire de l'OMS, celui de l'entrée en vigueur de la Constitution de l'Organisation, le 7 avril 1948.

La Constitution était, et demeure, un instrument phare du droit international de la santé.

Elle présente 22 grandes fonctions pour l'Organisation.

L'une d'entre elles, comme vous le savez, consiste à « proposer des conventions, accords et règlements ».

C'est là la raison d'être de votre présence.

En réaction à la pandémie de COVID-19, vous, les États Membres, avaient proposé d'élaborer une convention ou un accord sur la prévention, la préparation et la riposte face aux pandémies.

Lors d'une session extraordinaire de l'Assemblée mondiale de la Santé, vous êtes convenu de négocier cet instrument.

Pendant trois ans et demi, vous avez travaillé sans relâche pour trouver un terrain d'entente.

Pas à pas, vous avez rapproché vos positions.

Et vous en êtes arrivés à ce moment.

Il est sans doute inutile que je fasse un nouveau discours pour vous rappeler ce qui est en jeu, combien il est important de conclure les négociations cette semaine.

Si quelqu'un se demande encore pourquoi le monde a besoin d'un solide Accord sur les pandémies, il lui suffit d'écouter les nouvelles.

Rien que cette année, nous avons connu des épidémies de maladie à virus Ebola et de maladie à virus Marburg, tandis que la grippe aviaire continue de se propager chez les oiseaux, les bovins et d'autres animaux encore, et d'infecter les humains.

On pourrait croire que la pandémie de COVID-19 n'est qu'un lointain souvenir, éclipsé par les conflits et les perturbations géopolitiques et économiques.

Or, la prochaine pandémie n'attendra pas que la situation s'apaise.

Elle pourrait éclater dans 20 ans, voire plus, aussi bien que demain. Ce qui est certain, c'est qu'elle se produira. Quel que soit le moment où elle survient, nous devons y être préparés.

Il ne s'agit pas d'un risque théorique ; c'est une certitude épidémiologique.

On a besoin de votre engagement et de votre leadership, indispensables pour aboutir à un Accord de l'OMS sur les pandémies.

Je l'ai dit par le passé, et je n'aurai de cesse de le répéter : cet accord n'enfreint en rien la souveraineté des États Membres. En réalité, c'est même l'inverse : il renforcera la souveraineté nationale et l'action internationale.

Le Bureau a œuvré sans relâche pour mettre au point un texte équilibré qui reflète les différents besoins et priorités des États Membres.

Je pense que nous sommes trop près du but pour abandonner. Je crois que vous êtes prêts à trouver un consensus.

J'en suis convaincu : vous êtes prêt à marquer l'histoire par cet accord, qui vise à ce que les générations futures n'aient pas à connaître les souffrances qui ont été les nôtres.

Il faut envoyer un signal fort au monde, montrer qu'en ces temps de divisions, les pays peuvent encore unir leurs forces, collaborer et trouver un terrain d'entente.

L'Accord sur les pandémies peut être ce signal ; vous pouvez être ceux qui vont le donner.

Je vous remercie.