09/23/2025 | News release | Distributed by Public on 09/23/2025 10:07
La Commission d'enquête internationale continue de documenter des exactions visant particulièrement la communauté alaouite, une branche de l'islam chiite dont est issu le clan al-Assad : « meurtres, arrestations arbitraires et détentions », mais aussi confiscations et occupations des biens de ceux qui ont fui les violences de mars.
En août, un groupe armé a ainsi expulsé des habitants alaouites de Sumariya, dans la banlieue de Damas, « affirmant qu'il agissait au nom de l'État et brandissant des ordres d'expulsion », a rapporté Paulo Sérgio Pinheiro, président de la Commission.
Des cas d'enlèvements, de passages à tabac et de mauvais traitements accompagnés d'insultes sectaires s'ajoutent à cette spirale de violences. Depuis janvier, les attaques contre les Alaouites ont culminé en mars par « le massacre généralisé et systématique de plus de 1.400 hommes, femmes et enfants en quelques jours seulement », dans les gouvernorats de Lattaquié, Tartous et Hama.
Ces crimes, commis « notamment par des membres des forces de sécurité du gouvernement provisoire », « peuvent constituer des crimes de guerre », a averti M. Pinheiro.
La Commission s'est également penchée sur les affrontements meurtriers de la mi-juillet, dans le gouvernorat de Souweïda, entre membres des communautés druze et bédouine. Ces violences ont entraîné l'intervention d'autres acteurs armés et le déplacement de près de 200.000 civils.
« Selon nos premières informations, des centaines de personnes, principalement des Druzes, mais aussi des Bédouins et d'autres, ont été tuées ou blessées », a détaillé M. Pinheiro. Après l'entrée en scène des forces gouvernementales provisoires, des vidéos - authentifiées par la Commission - montrant des exécutions sommaires et des humiliations infligées à des hommes druzes ont circulé en ligne, révélant « un climat d'extrême violence ».
Les Bédouins dénoncent également des exactions de la part de groupes armés. Plus au nord-est, les tensions restent « vives » et les affrontements récents, attisés par des discours de haine, nourrissent la crainte d'une nouvelle conflagration.
La Commission souligne que ce climat instable fragilise le statu quo déjà précaire, dans une région où des milliers de membres présumés de l'État islamique demeurent incarcérés et où la menace djihadiste continue de peser.
Pour les enquêteurs, l'avenir de la Syrie passe par l'intégration de toutes ses composantes dans un État unifié et respectueux des droits. Cela suppose un environnement politique et sécuritaire stable, « une gouvernance solide et responsable » et la garantie « que ces violations ne se reproduisent plus ».
Les choix des autorités provisoires et de la communauté internationale, conclut la Commission, détermineront si le pays peut avancer vers la justice, la réconciliation et la stabilité, ou s'il restera prisonnier de ses fractures.