09/12/2025 | Press release | Distributed by Public on 09/12/2025 13:51
L'agriculture demeure au cœur des moyens de subsistance en milieu rural en Haïti, fournissant un revenu à la majorité des familles paysannes et représentant 66 % de l'emploi local. Cependant, le secteur fait face à des défis persistants qui aggravent la pauvreté rurale - un problème qui touche jusqu'à 75 % des ménages à faible revenu, qui n'ont souvent qu'un accès minimal aux services de base.
Une combinaison de sous-investissement chronique dans les infrastructures rurales, les programmes publics et la gestion des ressources naturelles a progressivement érodé les fondations agricoles d'Haïti. Les méthodes agricoles non durables, engendrées par la pression foncière, une éducation limitée et des contraintes économiques, ont en outre dégradé environ 85 % des bassins versants du pays.
Les récentes catastrophes naturelles ont aggravé ces difficultés. Des crises successives - dont l'ouragan Matthew en 2016 et le séisme de 2021 - ont endommagé des canaux d'irrigation vitaux dans la région sud. « L'accès à l'eau étant essentielle à la culture, ces événements ont rendu presque impossible aux agriculteurs de gagner un revenu stable »,explique Michel Soy, président de l'Association des petits exploitants de Dory. Pour de nombreux cultivateurs, l'agriculture de subsistance demeure la principale source de revenu.
Investir dans l'agriculture est crucial pour lutter contre la pauvreté. En 2012, environ 80 % des ménages dépendant uniquement de l'agriculture vivaient sous le seuil de pauvreté, soit bien plus que la moyenne nationale de 57 %. Au cours de la dernière décennie, divers facteurs - y compris les conditions météorologiques extrêmes, l'érosion des sols, des ressources agricoles limitées et la diminution des terres disponibles - ont entraîné une baisse de la productivité agricole en Haïti, accentuant encore les difficultés des agriculteurs.
Une stratégie nationale d'adaptation pour renforcer la résilience
Reconnaissant les vulnérabilités sociales et écologiques qui caractérisent le milieu rural, les autorités haïtiennes ont adopté une approche globale basée sur la gestion du paysage. En 2006, le gouvernement haïtien a lancé le Programme d'Action National d'Adaptation (PANA), identifiant les risques climatiques urgents et soulignant la nécessité de s'attaquer à la dégradation des bassins versants et d'améliorer la préparation aux catastrophes comme priorités pour 2010-2025.
Cette stratégie vise à répondre aux impacts du changement climatique, notamment l'augmentation des sécheresses, les précipitations imprévisibles, la fragilité des sols et l'aggravation de l'érosion et des inondations. Le PANA promeut le renforcement des capacités institutionnelles pour des interventions à l'échelle du paysage et l'investissement dans des systèmes et des pratiques agricoles résilients.
Progrès et investissements récents
Pour remédier aux causes profondes de la pauvreté rurale, le gouvernement haïtien, avec l'appui financier et technique de la Banque mondiale, a initié le Projet de paysages productifs résilients en Haïti. Ce projet permet aux agriculteurs d'adopter des pratiques agricoles et de gestion des paysages durables dans des sous-bassins versants ciblés, tout en améliorant les infrastructures essentielles et en enseignant de meilleures techniques de culture.
Voici quelques résultats intéressants :
· 4 267 agriculteurs ont adopté des technologies agricoles avancées, dont près de 38 % de femmes.
· 2 050 hectares sont désormais gérés selon des pratiques de gestion durable des paysages.
· Quatre sous-bassins versants ont élaboré des plans participatifs de gestion et d'investissement.
· Un outil d'aide à la décision en matière de risques climatiques couvre désormais 21 968 hectares concernés par le projet.
· 112 écoles champêtres ont été créées, formant 2 800 agriculteurs (presque 38 % de femmes) à des techniques améliorées et pratiques.
· 50 citernes familiales (18 m³ chacune) bénéficient à 250 ménages vulnérables.
· 1 511 agriculteurs ont participé à 20 sous-projets de subventions de compensation pour faciliter l'accès au marché des produits locaux, dont 47 % de femmes bénéficiaires.
En réponse au séisme de 2021, des distributions d'urgence ont permis à 20 968 agriculteurs de recevoir des semences et variétés de cultures résilientes au climat, et 21 490 agriculteurs ont obtenu des intrants et des services d'appui urgents.
« Alors qu'Haïti traverse l'une des périodes les plus difficiles de son histoire récente, la Banque mondiale soutient les priorités du gouvernement visant à renforcer les infrastructures agricoles, protéger l'environnement et soutenir les communautés locales, améliorant ainsi la résilience face aux risques climatiques, la sécurité alimentaire et la création d'emplois », a déclaré Anne-Lucie Lefebvre, Responsable des opérations de la Banque mondiale en Haïti.
Le renforcement du système d'irrigation a également été une priorité. Le projet a restauré, nettoyé et reconfiguré 32 250 mètres linéaires de canaux dans les cinq principales zones irriguées du Sud. « Les canaux d'irrigation avaient été dévastés par les ouragans et le séisme, mais après les réparations, notre productivité a considérablement augmenté », a ajouté Michel Soy.
Grâce à ces efforts ciblés, Haïti progresse vers une agriculture durable, une sécurité alimentaire renforcée et une résilience face aux défis persistants - jetant ainsi les bases d'un avenir rural plus prospère.