UNOG - United Nations Office at Geneva

01/07/2025 | News release | Distributed by Public on 01/07/2025 13:05

Syrie : l’ONU appelle à la retenue après des allégations de meurtres d’Alaouites

Le Bureau des droits de l'homme des Nations Unies a appelé, mardi, à la retenue en Syrie, alors que des individus de la communauté alaouite du pays et d'autres groupes minoritaires ont été pris pour cible et tués.

Le Haut-Commissariat de l'ONU aux droits de l'homme (HCDH) indique avoir connaissance de rapports et de vidéos montrant des allégations de meurtres de citoyens alaouites à Homs et dans d'autres villes syriennes depuis le renversement du régime d'Assad, qui était affilié à cette communauté alaouite, une branche du chiisme.

« Nous sommes au courant de ces rapports et nos collègues travaillent évidemment à les corroborer. Nous savons que les autorités ont publié une déclaration appelant tout le monde à éviter les représailles », a déclaré lors d'un point de presse à Genève, Liz Throssell, porte-parole du HCDH.

Répondant à une question des journalistes, Mme Throssell a indiqué qu'une petite équipe du Bureau des droits de l'homme de l'ONU avait été déployée à Damas et qu'elle avait établi « des contacts initiaux avec les autorités intérimaires » dirigées par le chef de Hayat Tahrir Al-Cham, Ahmed al-Sharaa.

Protection des femmes et des minorités ethniques et religieuses

Ses forces étaient principalement responsables de l'assaut éclair qui a renversé l'ancien Président Assad le 8 décembre.

Interrogée sur les rapports non confirmés selon lesquels des femmes ont été agressées parce qu'elles avaient parlé ou s'étaient promenées dans la rue avec des hommes qui n'étaient pas de leur famille, Mme Throssell a insisté sur le fait qu'il était « important que les autorités intérimaires agissent pour garantir le rétablissement de la sécurité ».

« Que les personnes accusées d'avoir commis des crimes soient tenues pour responsables et que les femmes, les enfants et les diverses communautés ethniques et religieuses puissent exercer pleinement leurs droits », a insisté la porte-parole du HCDH.

Pour l'ONU, les femmes et les différentes minorités ethniques et religieuses doivent avoir la possibilité de jouir pleinement des droits humains.

Mme Throssell a souligné que toutes les parties devaient respecter les obligations qui leur incombent en vertu du droit international des droits de l'homme, y compris le respect et la protection des minorités, et éviter tout comportement motivé par un désir de vengeance. Les droits de l'homme doivent être au cœur d'une transition juste, selon l'ONU.

Des cas d'enlèvement, de petite délinquance et de fusillade

De son côté, le Bureau de coordination des affaires humanitaires de l'ONU (OCHA) note que les hostilités continuent de toucher les civils et les infrastructures vitales en Syrie. Des tirs d'obus ont ainsi endommagé le 3 janvier dernier la station d'eau d'Al-Khafsa, réduisant l'approvisionnement en eau de la ville d'Alep et de sa campagne.

D'une manière générale, certaines régions continuent de signaler des incidents « de protection touchant les civils, notamment des cas d'enlèvement, de petite délinquance et de fusillade, ce qui entraîne des restrictions de mouvement ».

En outre, le nombre d'incidents impliquant des engins explosifs a considérablement augmenté en décembre, de plus de 300 % par rapport à novembre. Tout au long du mois, au moins 64 civils ont été tués et plus de 100 blessés dans plus de 75 incidents impliquant des munitions non explosées, des mines terrestres ou des restes explosifs de guerre.

Environ 50 % des victimes en décembre étaient des enfants. « Il est donc nécessaire d'intensifier d'urgence les activités de sensibilisation aux risques liés aux munitions explosives et de déminage d'urgence dans toute la Syrie », insiste l'OCHA dans son dernier rapport de situation humanitaire.

Accès humanitaire difficile dans certaines parties du nord-est

Sur le plan humanitaire, l'accès reste difficile dans certaines parties du nord-est de la Syrie, en raison de la fermeture des postes-frontières et des ponts endommagés par les récents combats. Cette situation continue donc de restreindre la circulation des biens et des personnes, y compris les travailleurs humanitaires et les étudiants.

Le poste frontière interne reliant Menbij aux zones situées à l'est de l'Euphrate, y compris Ar-Raqqa, reste fermé, empêchant la circulation des biens et des personnes, y compris des travailleurs humanitaires.

Pendant ce temps, à Deir-ez-Zor, les mouvements des étudiants et des travailleurs sont entravés entre les deux rives de l'Euphrate en raison des ponts endommagés par les récents combats. Il s'agit notamment du pont Hatlah, précédemment utilisé par l'ONU pour des missions humanitaires, qui a besoin d'être remis en état.

Dans d'autres régions du nord-est, l'accès n'a pas été perturbé. Par exemple, les expéditions humanitaires de Damas vers la ville de Qamishli, dans le gouvernorat d'Al-Hasakeh, se poursuivent. Plusieurs agences des Nations Unies ont également reçu des fournitures par le point de passage de Tabqa, dans le gouvernorat d'Ar-Raqqa.

Sur un autre plan, les partenaires du secteur de la santé tirent la sonnette d'alarme concernant les graves pénuries de carburant à l'hôpital national de Menbij, qui dessert 100.000 personnes et dépend entièrement des générateurs pour alimenter les machines des soins intensifs et les couveuses depuis plusieurs jours.