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01/15/2025 | News release | Distributed by Public on 01/15/2025 23:21

Le Yémen pris dans le cercle vicieux de « l’escalade régionale »

La guerre menée par Israël à Gaza au cours des 15 derniers mois a accéléré « l'escalade régionale » du conflit Yémenite, au détriment du processus politique et de la situation humanitaire dans le pays, se sont inquiété, mercredi, deux hauts responsables des Nations Unies.

Le conflit au Yémen s'internationalise inlassablement. Ce n'est pourtant pas faute d'efforts de la part de l'Envoyé spécial du Secrétaire général pour tenter d'inverser la tendance.

« J'ai passé une grande partie de l'année dernière à essayer de protéger le Yémen de l'escalade régionale », a ainsi rappelé Hans Grundberg, lors d'une réunion du Conseil de sécurité sur la situation dans le pays.

Toutefois, la guerre menée depuis le 7 octobre par Israël à Gaza n'a eu de cesse d'envenimer la crise. En représailles, les houthistes - un groupe rebelle également connu sous le nom d'Ansar Allah - ont multiplié les attaques à l'encontre d'Israël, ainsi que les assauts dans la mer Rouge, provoquant des ripostes coordonnées de la part des États-Unis, du Royaume-Uni et d'Israël contre le Yémen.

Selon M. Grundberg, l'effet d'entraînement des autres crises de la région sur le pays est réciproque. « La nécessité de résoudre la crise au Yémen devient de plus en plus urgente, car la stabilité régionale nécessite, en partie, de parvenir à la paix au Yémen », a-t-il expliqué.

ONU Photo/Eskinder Debebe

Des perspectives de paix amoindries

Si l'Envoyé spécial espère que les développements récents concernant l'accord de cessez-le-feu à Gaza et la libération des otages israéliens puissent se solder par une désescalade au Yémen, il constate cependant une intensification du conflit dans le pays à l'heure actuelle. Et à mesure que le conflit s'envenime, le processus de dialogue national, lui, s'effrite.

« Le cycle croissant de frappes et de contre-attaques a entravé les perspectives de paix », a déploré le haut fonctionnaire. « À ce stade critique, toute nouvelle escalade risque de compromettre les engagements existants », a-t-il ajouté.

Attaques contre les infrastructures civiles

Une intensification du conflit aurait également des conséquences humanitaires dévastatrices pour le peuple yéménite, a estimé l'Envoyé spécial.

C'est ce qu'à également laissé entendre au Conseil Joyce Msuya, la Coordonnatrice adjointe des secours d'urgence de l'ONU. Le mois dernier, a-t-elle indiqué, a connu une augmentation inquiétante des attaques contre des infrastructures civiles vitales du Yémen.

Suite à une série de frappes aériennes, dont la plus récente a eu lieu le 10 janvier à Hodeïda et Ras Issa, les ports yéménites de la mer Rouge ont en effet subi des dommages considérables, entraînant une réduction significative de leurs capacités.

« Or, le Yémen dépend des importations pour plus de deux tiers de son alimentation et à 90% pour ses médicaments », a précisé Mme Msuya.

De même, elle a rappelé que la frappe israélienne du 26 décembre dernier contre l'aéroport de Sanaa, la capitale yéménirte, a causé la mort de trois civils et s'est produite alors que le Directeur général de l'OMS se trouvait dans l'aéroport.

ONU Photo/Evan Schneider

La moitié de la population en crise

Suite à une décennie de guerre, Mme Msuya a rappelé que près de la moitié de la population n'est pas en mesure de subvenir à ses besoins alimentaires. Près de la moitié des enfants de moins de 5 ans souffrent de rachitisme en raison de la malnutrition. Les cas de choléra ont atteint un niveau alarmant. Et environ 4,8 millions de personnes demeurent déplacées, dont une majorité de femmes et d'enfants.

La Coordonnatrice adjointe a toutefois noté des progrès dans l'accès humanitaire, notamment dans l'octroi de visas pour le personnel dans les zones sous contrôle des houthistes. Elle a toutefois estimé que seul un règlement politique durable permettra de mettre fin à une décennie de souffrances au Yémen.