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10/06/2025 | Press release | Distributed by Public on 10/06/2025 11:45

Le Secrétaire général s’inquiète du manque de ressources du programme pour les femmes et la paix et la sécurité

On trouvera, ci-après, le texte de l'allocution du Secrétaire général de l'ONU, M. António Guterres, prononcée lors du débat public annuel du Conseil de sécurité sur les femmes et la paix et la sécurité, à New York, aujourd'hui:

Il y a vingt-cinq ans, la résolution 1325 (2000) du Conseil de sécurité a exprimé une vérité simple: le leadership des femmes est indispensable à toute paix juste et durable.

Au cours de ces vingt-cinq dernières années, le programme pour les femmes et la paix et la sécurité a inspiré une quantité innombrable de résolutions, de rapports et de tables rondes.

Mais disons les choses clairement.

Trop souvent, nous nous réunissons dans des salles comme celle-ci, pleins de conviction et de détermination, sans finalement parvenir à changer véritablement la vie des femmes et des jeunes filles prises dans un conflit.

Nous parlons d'inclusion, mais les femmes restent bien trop souvent absentes de la table des négociations.

Nous parlons de protection, mais les violences sexuelles persistent en toute impunité.

Nous parlons de leadership, mais les artisanes de la paix se heurtent à nombre d'écueils: défaut de financement, menaces, manque de reconnaissance.

Au final, femmes, hommes, filles, garçons… nous sommes tous perdants.

Mon rapport sur les femmes, la paix et la sécurité est tout à la fois un bilan de ce que nous avons accompli, une chronique de ce que nous avons échoué à faire et une mise en garde contre ce que nous risquons de perdre.

Nous savons qu'il est possible de mieux faire.

Plus de 100 pays ont adopté des plans d'action nationaux pour les femmes, la paix et la sécurité.

Les femmes ont mené des médiations locales, élaboré de nouvelles lois et fait progresser la justice pour les personnes ayant survécu à la violence fondée sur le genre.

Dans les opérations de maintien de la paix des Nations Unies, le nombre de femmes en tenue a doublé.

Les dispositions relatives à l'égalité des genres dans les accords de paix sont devenues plus courantes.

Les organisations de femmes ont contribué à transformer le relèvement et la réconciliation post-conflit dans les communautés du monde entier.

Mais les progrès sont fragiles et - fait très inquiétant - la tendance s'inverse.

Partout dans le monde, nous observons une évolution inquiétante des dépenses militaires, une multiplication des conflits armés et une aggravation choquante de la brutalité avec laquelle sont traitées les femmes et les filles.

L'année dernière, 676 millions de femmes vivaient dans un rayon de 50 kilomètres autour d'un conflit meurtrier. Il s'agit là du chiffre le plus élevé depuis des décennies.

Les violences sexuelles se sont envolées: les faits commis contre les filles ont progressé de 35%.

Fait alarmant, dans certains endroits, les filles représentent près de la moitié des victimes.

La mortalité maternelle augmente dans les zones de crise.

Les filles doivent être retirées de l'école.

Dans la vie publique, les femmes - politiciennes, journalistes, défenseuses des droits humains - sont la cible de violences et de harcèlement.

En Afghanistan, l'effacement systématique des femmes et des filles de la sphère publique atteint des proportions considérables: restriction effroyable de l'accès à l'éducation, à l'emploi, à la santé et à la justice, flambée des violences sexuelles et augmentation de la mortalité maternelle.

Dans le Territoire palestinien occupé, au Soudan, en Haïti, au Myanmar et ailleurs, les femmes et les filles sont exposées à des risques graves et à de terribles niveaux de violence.

Les organisations de femmes, qui constituent pourtant des bouées de sauvetage pour des millions de personnes en situation de crise, sont privées de ressources.

Selon une enquête menée par ONU-Femmes il y a seulement quelques mois, 90% des groupes locaux dirigés par des femmes dans des situations de conflit faisaient état de graves difficultés financières.

Près de la moitié prévoyaient de fermer leurs portes dans les six mois.

Il y a un an, j'ai lancé l'Engagement commun visant à accroître la participation pleine, égale et véritable des femmes aux processus de paix.

Depuis lors, 39 entités - États Membres, organisations internationales et régionales et autres - l'ont adopté. Il nous faut maintenant veiller à ce que les engagements pris se traduisent en actions concrètes.

Nous avons également fixé comme objectif initial qu'au moins un tiers des participants aux processus de paix menés par les Nations Unies soient des femmes.

À terme, l'objectif est d'atteindre la parité des genres dans tous les processus de paix et de sécurité.

Nous continuons à consulter les organisations de la société civile dirigées par des femmes et les artisanes de la paix, qui sont les moteurs d'une paix globale et durable.

Et, dans le monde entier, nous soutenons l'accès des femmes à l'éducation, aux services de santé mentale et aux perspectives économiques, même dans les environnements les plus restrictifs.

Nous documentons les violations, plaidons en faveur de la justice et amplifions la voix des artisanes de la paix.

L'heure est venue pour les États Membres d'accélérer les engagements en faveur des femmes, de la paix et de la sécurité, comme les dirigeants mondiaux s'y sont engagés dans le Pacte pour l'avenir.

Dans mon rapport, je présente un certain nombre de mesures dans ce sens.

Premièrement, le financement. Il faut augmenter les investissements dans la paix - en particulier au profit des organisations de femmes dans les pays frappés par un conflit - et de l'égalité des genres.

Deuxièmement, la participation. Les femmes doivent être présentes à la table, non pas dans un rôle d'alibi mais en qualité de partenaires égales. Il est essentiel de fixer des objectifs et des quotas contraignants.

Troisièmement, la responsabilité. Les auteurs de violences fondées sur le genre, y compris les violences sexuelles liées aux conflits, doivent répondre de leurs actes.

Quatrièmement, la protection. Il faut appliquer une tolérance zéro à l'égard de la violence à l'encontre des artisanes de la paix et des défenseuses des droits humains.

Cinquièmement, l'inscription des engagements relatifs aux femmes, à la paix et à la sécurité dans les lois, les politiques, les plans, les budgets et les programmes nationaux.

Sixièmement, la transformation de la sécurité économique des femmes par l'emploi, la protection sociale, les droits en matière de propriété et d'héritage.

Septièmement, le soutien aux organisations de femmes dans les situations de conflit et de déplacement grâce à un financement direct, souple et de qualité.

Enfin, une révolution des données sur le genre pour combler les lacunes en matière d'information - en particulier dans des domaines critiques tels que la violence sexuelle liée aux conflits - et veiller à ce que le vécu et les besoins des femmes soient visibles et pris en compte.

L'agenda « Femmes, paix et sécurité » doit produire des résultats concrets:

Davantage de femmes façonnant les accords de paix, les réformes de sécurité et les plans de relèvement.

Davantage de victimes obtenant justice et accédant aux services essentiels.

Davantage de communautés tirant parti de la force et des talents de tous leurs membres.

La résolution 1325 est claire: les femmes sont des leaders de la paix pour toutes et tous.

Notre monde n'a pas besoin qu'on répète cette vérité; il a besoin de résultats qui l'incarnent.

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