10/10/2025 | News release | Distributed by Public on 10/10/2025 08:59
« María Corina Machado est l'un des exemples les plus extraordinaires de courage civique en Amérique latine ces derniers temps », a déclaré Jørgen Watne Frydnes, le président du comité Nobel norvégien, qui récompense chaque année la personnalité ayant le plus contribué au rapprochement entre les peuples. Contrainte de vivre cachée au sein d'un pays devenu, selon le comité, un « État autoritaire brutal » sous le régime de Nicolás Maduro, l'ancienne députée d'opposition rejoint la lignée des dissidents récompensés pour leur résistance pacifique.
Sur le réseau social X, la lauréate s'est dite « sous le choc ». Dans une courte vidéo, on l'entend s'exclamer : « Je n'arrive pas à y croire ! », s'adressant à Edmundo González Urrutia, son suppléant à l'élection présidentielle de juillet 2024, dont la cheffe de l'opposition avait été écartée suite à une décision de justice la déclarant inéligible. Après la victoire de M. Maduro, élu pour un troisième mandat à l'issue d'un scrutin à la régularité contestée par de nombreux observateurs internationaux, celle que ses partisans surnomment « la libératrice » était entrée dans la clandestinité.
Pour le chef des droits humains à l'ONU, Volker Türk, cette récompense « reflète les aspirations claires du peuple vénézuélien à des élections libres et équitables, ainsi que sa volonté de défendre ses droits politiques et l'État de droit ».
Lors d'un point de presse à Genève, le porte-parole de M. Türk a rappelé l'engagement du responsable onusien en faveur des valeurs défendues par Mme Machado. « Nous restons fermement déterminés à poursuivre notre travail de défense et de protection des droits humains de tous les Vénézuéliens, qu'ils se trouvent au Venezuela ou à l'étranger », a-t-il précisé.
Alessandra Vellucci, la porte-parole du siège de l'ONU dans la ville suisse, a également salué « la promotion des droits démocratiques du peuple vénézuélien » et « la lutte de Mme Machado pour une transition démocratique juste et pacifique ».
Le bureau de Volker Türk a rappelé que de nombreuses violations des droits de l'homme demeuraient sans réponse au Vénézuela, pays auquel ses équipes ont un accès restreint. En juillet, Caracas a déclaré M. Türk persona non grata. Parallèlement, une mission internationale d'établissement des faits mandatée par le Conseil des droits de l'homme de l'ONU a de nouveau alerté sur « la répression sévère » orchestrée par le régime Maduro après la présidentielle de l'an dernier et sur « les persécutions à motivation politique » toujours en cours.
Son dernier rapport, publié le 22 septembre, évoque « l'appareil répressif de l'État » qui continue « d'étouffer la société civile vénézuélienne et l'opposition ».
Dans leur annonce, les cinq membres du comité Nobel, nommés par le parlement norvégien, justifient leur choix par la volonté de distinguer « les hommes et femmes courageux qui ont résisté à la répression et porté l'espoir de la liberté dans les cellules de prison, dans les rues et sur les places publiques ». Malgré les graves menaces qui pesaient sur sa vie, Mme Machado a décidé de demeurer dans son pays, un choix qui, soulignent-ils, « a inspiré des millions de personnes ».
Pour les jurés, l'opposante répond pleinement aux trois critères fixés par Alfred Nobel dans son testament : le rapprochement entre les peuples, la réduction des armées permanentes et la promotion des initiatives de paix. María Corina Machado, affirment-ils, « n'a jamais faibli dans sa résistance à la militarisation de la société vénézuélienne » et « a toujours soutenu sans faille une transition pacifique vers la démocratie ».
En couronnant cette figure de l'opposition au régime de Nicolás Maduro, le comité Nobel inscrit son nom dans la lignée de ceux qui, de Lech Wałęsa à Vaclav Havel, ont incarné la lutte pacifique pour les libertés fondamentales.