Chine : une coalition de plus de 60 ONG, dont RSF, appellent à la libération de la journaliste Zhang Zhan, cinq ans après son arrestation

Le 14 mai 2025 marque le cinquième anniversaire de la première arrestation de la journaliste indépendante Zhang Zhan, alors réprimée pour avoir couvert les débuts de la pandémie de Covid-19 à Wuhan (Chine centrale). Trois mois après avoir purgé sa peine de quatre ans de prison pour "provocation de troubles à l'ordre public", elle est de nouveau arrêtée en 2024, et fait l'objet de nouvelles poursuitespour avoir continué à documenter des violations des droits humains par le régime chinois. D'après les informations recueillies par RSF, un nouveau procès est en préparation, dont la date n'a pas été communiquée. Elle est actuellement détenue au centre de détention de Pudong, à Shanghai, dans l'est du pays, et risque jusqu'à cinq années d'emprisonnement.

Dans un communiqué commun, la coalition exprime sa vive inquiétude face à la santé de Zhang Zhan, qui poursuit des grèves de la faim intermittentesen signe de protestation des persécutions. Déjà hospitalisée à deux reprises en 2021 en raison d'une dénutrition sévère, elle a entamé une nouvelle grève en janvier 2025, après sa seconde arrestation. En réaction, les autorités pénitentiaires la nourrisse de force par sonde gastrique - une pratique considérée par le droit international comme un traitement cruel, voire comme de la torture dans certaines circonstances.

Zhang Zhan a été de nouveau arrêtée le 28 août 2024, alors qu'elle se rendait dans sa ville natale, dans la province du Shaanxi, dans le nord-ouest de la Chine. Dans les semaines précédant sa seconde arrestation, elle continuait de relayer sur ses réseaux sociaux des témoignages sur le harcèlement par le régime chinois de défenseurs des droits humains.

Elle avait été arrêtée une première fois en mai 2020 pour avoir couvert la gestion de la Covid-19 à Wuhan, épicentre de la pandémie. Auparavant, elle avait publié plus d'une centaine de vidéos sur les réseaux sociaux. En décembre 2020, un tribunal de Shanghai l'avait condamnée à quatre ans de prisonpour "provocation de troubles à l'ordre public".Tout au long de sa détention, RSF a fait campagne pour sa libérationet dénoncé les mauvais traitements qu'elle subissait.

Avec au moins 125 journalistes et collaborateurs des médias actuellement emprisonnés, la Chine demeure la plus grande prison du monde pour les professionnels de l'information. Le pays occupe la 178e place sur 180 pays et territoires dans le Classement mondial de la liberté de la presseétabli par RSF en 2025.

Mise à jour : Lors de la publication initiale mercredi à 6h (CET), 58 ONG avaient signé le communiqué. Quelques heures plus tard, quatre ONG supplémentaires ont été ajoutées après avoir exprimé leur souhait de rejoindre l'appel.