08/06/2025 | Press release | Distributed by Public on 08/07/2025 05:20
Le 6 août, la journaliste géorgienne Mzia Amaghlobeli, cofondatrice des médias indépendants Batumelebi et Netgazeti, a été condamnée à deux ans de prison au terme d'un procès inique marqué par de nombreuses irrégularités procédurales. Reporters sans frontières (RSF) dénonce une décision arbitraire, reflet de la dérive autoritaire des autorités. La reporter doit être libérée.
Ce mercredi 6 août, le tribunal de Batoumi, ville côtière de l'ouest de la Géorgie, a rendu son verdict : la journaliste Mzia Amaghlobeli,cofondatrice des médias indépendants Batumelebiet Netgazeti, a été condamnéeà deux ans de prison pour l'infraction pénale d'"attentat contre un policier"à la suite d'une gifle symbolique. Elle devient la première femme journaliste emprisonnée pour des motifs politiques depuis l'indépendance du pays en 1991.
Le jugement est tombé au terme de deux jours d'audience. Le 1er août, les échanges ont duré plus de neuf heures. Mzia Amaghlobeli a alors demandé à prononcer sa déclaration finale le 4 août. Ce jour-là, s'adressant directement aux procureurs, elle a lancé : "Ce jugement ne sera pas seulement ma peine. Ce sera aussi la vôtre."Lors de sa plaidoirie finale le 1er août, l'avocate de la défense, Maia Mtsariashvili, a quant à elle dénoncé un procès à portée hautement politique : "l'affaire de Mzia Amaghlobeli est un miroir. Et quand on y regarde, il révèle l'usage abusif du pouvoir par les autorités."
Lors de chaque audience, des manifestantsétaient rassemblés devant le tribunal, scandant "Liberté pour Mzia" et brandissant des pancartes de soutien. Plusieurs diplomates se sont rendusau procès, dont l'ambassadeur de République tchèque, et l'ancienne présidente géorgienne Salomé Zourabichvili.
"RSF dénonce une décision arbitraire au terme d'un procès rythmé par les irrégularités. Les accusations sont disproportionnées, une gifle ne constituant pas une infraction pénale, et sa condamnation à deux ans de prison incarne une nouvelle étape dans l'instrumentalisation de la justice par le pouvoir pour faire taire les voix critiques. RSF appelle les autorités à mettre un terme à cette parodie de justice et à libérer immédiatement la journaliste.
Sept mois de procédure entachée d'irrégularités
Arrêtée en janvier 2025 sur la base d'accusations manifestement infondéeset disproportionnées, Mzia Amaghlobeli a été poursuivie pour trois procédures distinctes : "attentat contre un policier", "insulte et résistance à la police" et "dégradation de l'apparence d'un bâtiment", après avoir collé un autocollant de protestation. De nombreuses irrégularités procédurales ont été constatées avec notamment un placement en détention préventive injustifié et des violences verbales. En prison, son état de santé s'est gravement détérioré.
Le 14 juillet, RSF s'est rendueà Batoumi aux côtésde deux autres organisations internationales, le Comité pour la protection des journalistes (CPJ) ainsi que de l'International Press Institute (IPI) afin de demander la libérationde la journaliste.
La Géorgie occupe la 114e place sur 180 pays et territoires dans le Classement mondial de la liberté de la presseétabli par RSF en 2025.