11/08/2025 | News release | Distributed by Public on 11/09/2025 11:46
De Kyoto à Charm el-Cheikh, malgré les décennies d'engagements et de sommets annuels, la planète continue de se réchauffer. Jamais la pression n'a été aussi forte sur les gouvernements et les entreprises pour agir - et plus seulement parler.
Le choix de Belém, aux portes de l'Amazonie, la plus grande forêt tropicale du monde, illustre les enjeux : cette région est à la fois un puits de carbone essentiel et une ligne de front dans la lutte contre la déforestation et le changement climatique.
La réunion de cette année vise à passer à la vitesse supérieure. Les délégués examineront les plans climatiques nationaux, plaideront pour mobiliser 1.300 milliards de dollars par an en financements climatiques, adopteront de nouvelles mesures pour aider les pays à s'adapter et feront avancer une « transition juste » vers des économies plus propres.
La COP30 se profile comme un tournant décisif - un moment de vérité et un test de la solidarité mondiale.
Le sommet s'ouvre lundi à Belém sur un constat alarmant : selon les scientifiques, la planète est en voie de franchir temporairement la limite de réchauffement de 1,5 °C fixée par l'Accord de Paris. Ce dépassement pourrait rester de courte durée, avertissent-ils, mais seulement si les pays intensifient rapidement leurs efforts pour réduire les émissions, s'adapter aux impacts climatiques et mobiliser les financements nécessaires.
Ce dépassement pourrait être de courte durée, avertissent les experts, mais seulement si les pays agissent rapidement pour intensifier les efforts de réduction des émissions, d'adaptation aux impacts climatiques et de mobilisation des financements.
S'exprimant lors du Sommet des dirigeants, le Secrétaire général de l'ONU, António Guterres, a été direct : « Ce n'est plus le temps des négociations. L'heure est à la mise en œuvre, la mise en œuvre et encore la mise en œuvre. »
Sous la présidence du Brésil, la COP30 s'articulera autour d'un agenda d'action comprenant 30 objectifs clés, chacun piloté par un « groupe d'activation » chargé de renforcer les solutions.
Baptisé mutirão, un terme autochtone qui signifie « tâche collective », l'approche reflète la volonté du Brésil de mettre en avant le leadership et la participation des peuples autochtones à la conférence et dans la lutte mondiale contre le changement climatique.
Le gouvernement affirme vouloir que tous les secteurs - des communautés autochtones aux dirigeants d'entreprise - contribuent à honorer les promesses climatiques passées.
Les agendas d'action lors des COP reposent sur des engagements volontaires plutôt que sur des lois contraignantes. Mais l'ampleur du changement nécessaire est immense : au moins 1.300 milliards de dollars d'investissements climatiques, chaque année, d'ici 2035.
Sans action urgente, les scientifiques avertissent que les températures mondiales pourraient augmenter entre 2,3°C et 2,8°C d'ici la fin du siècle, rendant de vastes régions de la planète inhabitables en raison des inondations, des vagues de chaleur extrême et de l'effondrement des écosystèmes.
Au cœur des discussions à Belém figure le rapport de la Feuille de route Baku-Belém pour 1.300 milliards de dollars, préparé par les présidences de la COP29 et de la COP30. Il définit cinq priorités pour mobiliser des ressources, y compris le renforcement de six fonds climatiques multilatéraux, intensification de la coopération sur la taxation des activités polluantes et la conversion la dette souveraine en investissements climatiques - mesure qui pourrait débloquer jusqu'à 100 milliards de dollars pour les pays en développement.
Le rapport préconise également de supprimer les obstacles, dont les clauses des traités d'investissement, qui donnent aux entreprises le droit de poursuivre les gouvernements pour leurs politiques climatiques, des litiges qui ont déjà coûté 83 milliards de dollars dans 349 affaires.
Un autre point central de la COP30 à Belém est la mise à jour des Contributions déterminées au niveau national (CDN), les plans nationaux détaillant les stratégies de réduction des émissions.
Pour rester en dessous du seuil de 1,5 °C de réchauffement, les émissions mondiales doivent diminuer de 60 % d'ici 2030. Or, les CDN actuelles ne permettraient qu'une réduction de 10 %.
Parmi les 196 Parties à l'Accord de Paris, seules 64 avaient soumis des CDN mises à jour à la fin septembre. Lors des réunions préparatoires en Allemagne en juin, de nombreux pays ont averti que ce déficit d'ambition doit être comblé à la COP30.
Les délégués devraient aussi valider 100 indicateurs mondiaux afin de suivre les progrès en matière d'adaptation climatique, permettant de mesurer et de comparer les résultats entre les pays.
Les nouveaux indicateurs devraient également contribuer à des politiques plus transparentes et plus efficaces. Aujourd'hui, 172 pays disposent d'au moins une politique ou d'un plan d'adaptation, mais 36 sont obsolètes.
Alors que la planète se réchauffe plus vite que jamais, l'adaptation est désormais un pilier central de l'action climatique. Toutefois, pour répondre aux besoins des pays en développement, le PNUE avertit que les financements pour l'adaptation doivent être multipliés par douze d'ici 2035.
La COP30 fera également avancer le Programme de travail sur la transition juste - destiné à garantir que les mesures climatiques ne creusent pas les inégalités. Les organisations de la société civile réclament un « Mécanisme d'action de Belém » pour coordonner les efforts de transition juste et élargir l'accès aux technologies et aux financements pour les pays les plus vulnérables.
La Conférence des Parties à la Convention-cadre des Nations Unies sur les changements climatiques (CCNUCC) - plus simplement la COP - reste le principal forum mondial de lutte contre la crise climatique. Les décisions y sont prises par consensus, favorisant la coopération sur l'atténuation, l'adaptation et le financement.
Au fil des années, les COP ont abouti à des accords majeurs. En 2015, l'Accord de Paris a fixé l'objectif de maintenir la hausse des températures « bien en dessous de 2°C » tout en visant 1,5°C.
À la COP28, à Dubaï, les pays ont convenu de s'éloigner des combustibles fossiles « de manière juste, ordonnée et équitable » et de tripler les capacités d'énergie renouvelable d'ici 2030.
L'an dernier, à Bakou, la COP29 a triplé l'objectif annuel de financement climatique pour les pays en développement, le faisant passer de 100 à 300 milliards de dollars, avec une feuille de route visant à atteindre 1.300 milliards.
Ensemble, les cadres juridiques établis au cours des trois dernières décennies sous l'égide de la CCNUCC ont permis d'éviter une hausse des températures qui aurait pu atteindre 4 °C d'ici la fin du siècle.
La COP30 s'ouvre ce lundi 10 novembre et se poursuivra jusqu'au vendredi 21 novembre.
*Envoyé spécial d'ONU Info à Belém