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10/10/2024 | Press release | Archived content

En Israël, le dialogue interconfessionnel renforce la résilience mentale

À la suite des attaques menées par le Hamas le 7 octobre 2023 et de la guerre qui s'en est suivie, l'atmosphère de tension et de conflit a gravement affecté la santé mentale des personnes de toutes les confessions en Israël. Afin de faciliter l'accès aux services de santé mentale et de renforcer ainsi la résilience, une initiative soutenue par l'OMS tire parti de l'influence des chefs religieux des communautés juives et musulmanes pour organiser un encadrement psychologique bien nécessaire.

Dirigé par Mosaica, une organisation non gouvernementale qui vise à promouvoir le dialogue et la coopération interconfessionnels, le projet « Chefs religieux et santé mentale » part du constat que les dirigeants religieux ont un ancrage profond dans leurs communautés et occupent une position de confiance privilégiée. Un partenariat tripartite a été établi entre des chefs religieux, des personnalités locales en vue et des experts en santé mentale, faisant le lien entre les services de santé mentale et les communautés qui en ont besoin.

En les formant aux questions de santé mentale et en les mobilisant, le projet permet aux chefs religieux et aux personnalités locales d'aider leurs communautés à reconnaître à quel point il est important de prendre en considération la souffrance psychique et d'avoir accès à de l'aide. Cette démarche a non seulement rendu les soins de santé mentale plus accessibles aux niveaux local et national, mais a également atténué la stigmatisation souvent associée à un appel à l'aide.

Répondre à la montée en flèche de la souffrance psychique

En Israël, de nombreuses personnes ont été profondément traumatisées après les attaques d'octobre 2023. Pour la minorité arabe présente là-bas, les problèmes de santé mentale se sont également multipliés et intensifiés. Selon le coordinateur musulman du projet, « beaucoup ont fait état de sentiments partagés, certains étant traumatisés par les attaques du Hamas, d'autant plus que de nombreux Arabes ont également été tués et enlevés par ce mouvement, tandis que d'autres compatissaient à la souffrance des Palestiniens par la suite et, avec l'opération militaire d'Israël, se sont sentis impuissants ».

Afin de respecter ces sentiments complexes et d'y réagir, des outils spécifiques et adaptés ont été conçus pour chacune des communautés.

Avec le soutien de l'OMS, Mosaica a fait appel à d'éminents psychologues spécialisés dans les traumatismes pour élaborer des programmes de formation spécialisés à l'intention des chefs religieux et des personnalités locales. Une fois formés, ces dirigeants ont organisé une centaine de séances de soutien dans divers endroits, notamment des synagogues, des mosquées et des centres communautaires, et même des lieux d'hébergement temporaire pour personnes évacuées.

Ce vaste déploiement d'efforts, associé à des outils de santé mentale adaptés aux communautés juives et musulmanes, a permis de garantir un soutien professionnel, tenant compte des sensibilités et de la pertinence culturelles. Tout au long du projet, des spécialistes des traumatismes ont été présents pour apporter de toute urgence une aide psychologique ou aiguiller les personnes vers un soutien de ce type.

Les contacts avec les communautés ont été un élément déterminant pour soigner les profondes blessures psychologiques de la société israélienne. Les chefs religieux et les personnalités locales en vue, qui connaissent bien les difficultés de leurs communautés, ont été en mesure d'offrir du réconfort, de panser les blessures et de guider les personnes vers les services de santé mentale lorsqu'elles en avaient besoin.

En outre, les messages à caractère religieux émis par ces dirigeants ont rendu l'offre de services de santé mentale fournis par le ministère israélien de la Santé beaucoup plus acceptable au sein de leurs communautés, ce qui montre que les initiatives religieuses peuvent transformer les attitudes à l'égard de ce type de soins.

Coopération interconfessionnelle en matière de santé mentale

La collaboration permanente entre les dirigeants religieux et les personnalités locales, d'une part, et les professionnels de la santé mentale, d'autre part, a été un élément essentiel de ce projet, garantissant une mobilisation de tous les instants et une réaction rapide aux cas urgents concernant, par exemple, des personnes évacuées et traumatisées ou des jeunes risquant d'être exposés à de la violence.

Depuis le début du projet, plus de 1 000 responsables du réseau de dirigeants religieux des communautés musulmanes et juives de Mosaica ont amplifié les messages promouvant la santé mentale et la résilience, et des chefs religieux, personnalités locales et pédagogues musulmans (300 personnes) et juifs (400 personnes), ont participé directement à des formations et à la mise sur pied de programmes.

À ce jour, plus de 200 jeunes musulmans et juifs ont été pris en charge par des professionnels de la santé mentale, et 4 000 membres des communautés musulmanes et juives ont participé à des cérémonies, des conférences et des services religieux consacrés à la résilience et à la réflexion, animés par les personnes formées dans le cadre du projet.

Rétablir la résilience malgré un traumatisme profond

« Le rôle des dirigeants religieux, s'agissant de promouvoir la résilience des communautés et le soutien en santé mentale, est essentiel, surtout au sein des communautés plus fermées et plus traditionnelles où l'on esquive ces questions ou l'on hésite à les aborder », déclare le rabbin Yadid, coordinateur juif du projet. « Lorsque les chefs religieux s'expriment collectivement, en soulignant l'importance de la santé mentale, ils rompent le silence et éliminent la stigmatisation qui entoure ces sujets. »

« Cela a un effet d'entraînement », ajoute-t-il, « qui renforce la résilience de l'ensemble de la communauté et permet un relèvement plus complet. Nous considérons qu'il s'agit d'une démarche cruciale, qui s'est avérée efficace pendant la pandémie de COVID-19 et qui est maintenant menée pour traiter les traumatismes liés au conflit. »
Les chefs religieux ont appris à animer des discussions sur la manière de se relever d'un traumatisme et donné à chacun la possibilité de parler de son vécu, favorisant ainsi un environnement propice à une guérison collective. Grâce à leur investissement, la résilience des individus a pu être renforcée, tout comme les liens entre les communautés, ce qui a permis de se soutenir mutuellement face à l'adversité.

En donnant la priorité à la formation et à la mobilisation des dirigeants religieux et des personnalités locales, des structures solides ont été mises en place pour la résilience, qui profitent aux individus comme à l'ensemble de la communauté.