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10/30/2025 | Press release | Distributed by Public on 10/30/2025 12:20

Ouverture du Forum social 2025: l’éducation est une solution essentielle face aux crises mondiales, souligne M. Türk, alors que l’attention est attirée sur une crise dans le[...]

Ouverture du Forum social 2025: l'éducation est une solution essentielle face aux crises mondiales, souligne M. Türk, alors que l'attention est attirée sur une crise dans le financement de l'éducation

Le Forum socialdu Conseil des droits de l'homme a ouvert ce matin les travaux de sa session de 2025, qui se tient à Genève jusqu'à demain, 31 octobre, avec pour thème : « La contribution de l'éducation au respect, à la promotion, à la protection et à la réalisation de tous les droits de l'homme pour tous ».

Des déclarations d'ouverture de la session ont été prononcées par Mme Anita Pipan, Coprésidente-Rapporteuse du Forum social, Mme Claudia Fuentes Julio, Vice-Présidente du Conseil des droits de l'homme, et M. Volker Türk, Haut-Commissaire des Nations Unies aux droits de l'homme.

Dans sa déclaration, Mme Pipan a notamment relevé que l'éducation était à la fois un droit en soi et un droit qui permet de réaliser tous les autres droits, civils, culturels, économiques, politiques et sociaux, ainsi que le droit au développement et les droits à l'alimentation et à un environnement propre, sain et durable, entre autres. Si l'éducation est au cœur du Programme de développement durable à l'horizon 2030, les chiffres montrent un retard préoccupant au regard de l'objectif fixé, a mis en garde Mme Pipan : des millions d'enfants et de jeunes restent en effet exclus du système scolaire. Elle a aussi attiré l'attention sur une crise dans le financement de l'éducation, avec un déficit annuel de quelque 97 milliards de dollars dans les pays à faible revenu, et une pénurie d'enseignants qui pourrait atteindre 44 millions de personnels d'ici 2030.

Pour sa part, Mme Fuentes Julio, constatant que la technologie joue un rôle déterminant dans la transformation de l'éducation, a appelé à une inclusion numérique équitable, à la réduction des écarts technologiques et à une intégration responsable des outils numériques et de l'intelligence artificielle. Elle a mis en garde contre les risques que ces innovations posent pour les droits humains et pour l'égalité, tout en soulignant les opportunités qu'elles offrent.

Pour sa part, le Haut-Commissaire aux droits de l'homme a souligné que l'éducation était une solution essentielle face aux crises mondiales car elle constitue un investissement à long terme dont les avantage sont multiples : elle transforme les sociétés, renforce les compétences, favorise la participation civique et la lutte contre la pauvreté et stimule l'innovation, a-t-il précisé. L'éducation est aussi un moteur économique puissant, capable de générer de la croissance et de réduire les inégalités entre les sexes, notamment. En outre, l'éducation joue un rôle crucial dans la prévention des conflits et le renforcement de la cohésion sociale, en particulier lorsqu'elle intègre les droits humains, a souligné le Haut-Commissaire.

Le Forum social a ensuite tenu une table ronde inaugurale consacrée au thème principal de la session, ainsi que deux autres tables rondes portant respectivement sur « L'éducation aux droits civils - Liberté, sécurité et responsabilité » et sur « L'éducation aux droits culturels - Diversité, mémoire et appartenance ». Ces tables rondes ont compté avec les contributions de nombreux panélistes; y ont également pris part de nombreux représentants de pays et d'organisations de la société civile.

Le Forum social se réunira à nouveau demain à partir de 10 heures pour tenir d'autres tables rondes consacrées à l'éducation aux droits économiques, sociaux et culturels; à l'éducation aux droits politiques; et à « l'éducation pour, avec et par les enfants ».

Ouverture du Forum social 2025

Déclarations liminaires

La session de 2025 du Forum social a été ouverte par sa Coprésidente-Rapporteuse, MME ANITA PIPAN, Représentante permanente de la Slovénie auprès des Nations Unies à Genève. Mme Pipan a rappelé que la session porterait sur « la contribution de l'éducation au respect, à la promotion, à la protection et à la réalisation de tous les droits de l'homme pour tous ». Mme Pipan a relevé que l'éducation était à la fois un droit en soi et un droit qui permet de réaliser tous les autres droits de l'homme : droits civils, culturels, économiques, politiques et sociaux, ainsi que le droit au développement et les droits à l'alimentation et à un environnement propre, sain et durable, entre autres. Source d'autonomie, l'éducation donne aux individus les outils nécessaires pour participer activement à la société, prendre des décisions éclairées, remettre en question les injustices et façonner des communautés plus inclusives. Le droit à l'éducation est ancré dans plusieurs instruments internationaux et régionaux, a en outre souligné Mme Pipan.

Les États ont une responsabilité fondamentale dans la mise en place d'une éducation accessible, inclusive et de qualité, qui aille au-delà du simple accès et qui favorise le respect des droits humains et l'égalité, a poursuivi Mme Pipan. De plus, outre son rôle éducatif, l'école contribue à la lutte contre la pauvreté et les inégalités, notamment par des initiatives comme les repas et jardins scolaires.

Cependant, a ajouté Mme Pipan, si l'éducation est au cœur du Programme de développement durable à l'horizon 2030, les chiffres montrent un retard préoccupant au regard de l'objectif fixé, a-t-elle mis en garde : des millions d'enfants et de jeunes restent en effet exclus du système scolaire. Mme Pipan a par ailleurs attiré l'attention sur une crise dans le financement de l'éducation, avec un déficit annuel de quelque 97 milliards de dollars dans les pays à faible revenu, et une pénurie d'enseignants qui pourrait atteindre 44 millions de personnels d'ici 2030.

L'éducation est aussi menacée par des crises mondiales: conflits armés, catastrophes climatiques et inégalités persistantes, a souligné Mme Pipan. En 2024, a-t-elle fait observer, les attaques contre les établissements scolaires ont augmenté de 44%, et les événements climatiques extrêmes ont perturbé la scolarité de plus de 240 millions d'élèves, les filles, les enfants handicapés et les enfants réfugiés étant particulièrement touchés. Enfin, la numérisation rapide de l'éducation risque de creuser de nouvelles fractures numériques et d'exposer les élèves à des risques liés à la surveillance et à l'exploitation des données, a ajouté la Coprésidente-Rapporteuse du Forum.

Mme Pipan s'est réjouie que, partout dans le monde, les enfants et les jeunes se mobilisent pour réclamer des mesures en faveur du climat, de l'égalité et de la justice, qu'ils revendiquent leurs droits fondamentaux en ligne et dans le monde réel, et qu'ils rappellent à la communauté internationale le pouvoir de l'éducation, qui donne aux apprenants les connaissances, la confiance et le courage nécessaires pour défendre leurs droits et ceux des autres.

Il ne faut pas sous-estimer l'importance d'investir dans l'éducation aux droits de l'homme, a insisté Mme Pipan, avant de mentionner à cet égard des initiatives prises dans son pays [la Slovénie] et aux Philippines [pays dont est originaire M. Carlos Soretta, également Coprésident-Rapporteur du Forum] et ayant permis d'intégrer efficacement l'enseignement des droits de l'homme dans les systèmes nationaux pour toucher les enfants, les jeunes et l'ensemble de la société.

Mme Pipan a conclu son allocution en affirmant que le Forum social offrait un espace unique pour partager des expériences et favoriser la collaboration entre les gouvernements, les organisations internationales, les universités, la société civile et au-delà. Elle demandé aux participants de rechercher des moyens pratiques et inclusifs de faire de l'éducation pour, avec et par les enfants et les jeunes une réalité, tout en favorisant les échanges et la cohésion entre les différents groupes et générations.

Pour sa part, MME CLAUDIA FUENTES JULIO, Vice-Présidente du Conseil des droits de l'homme, a insisté sur le fait que l'éducation jouait un rôle transversal, renforçant les droits liés au développement, à l'environnement et à la paix. Face aux crises mondiales et aux inégalités structurelles qui touchent les femmes, les filles et les groupes marginalisés, elle a rappelé l'importance du quatrième objectif de développement durable, qui vise une éducation inclusive et équitable pour tous. Elle a appelé à une action collective pour combler les lacunes éducatives et promouvoir l'égalité dans tous les domaines du développement durable.

Mme Fuentes Julio a ensuite évoqué les engagements du Conseil des droits de l'homme en matière d'éducation, citant notamment la résolution 59/9adoptée par consensus en juillet dernier, qui réaffirme le droit universel à l'éducation, y compris dans les contextes de crise humanitaire, de conflit ou d'occupation. Elle a en outre mis en avant les efforts en matière d'éducation aux droits de l'homme réalisés dans le cadre du Programme mondial d'éducation dans le domaine des droits de l'homme lancé en 2005. La quatrième phase du Programme (2020-2024) s'est concentrée sur « l'éducation aux droits de l'homme avec, par et pour les jeunes »; la cinquième phase (2025-2029) met actuellement l'accent sur les enfants et sur les jeunes en général, en abordant les enjeux liés aux technologies numériques, aux changements climatiques et à l'égalité des genres, a-t-elle indiqué.

Constatant elle aussi que la technologie joue un rôle déterminant dans la transformation de l'éducation, Mme Fuentes Julio a appelé à une inclusion numérique équitable, à la réduction des écarts technologiques et à une intégration responsable des outils numériques et de l'intelligence artificielle. Elle a mis en garde contre les risques que ces innovations posent pour les droits humains et pour l'égalité, tout en soulignant les opportunités qu'elles offrent.

Mme Fuentes Julio a conclu son intervention en rappelant que la Déclaration de Fortalezade l'UNESCO appelle à la mise en place de stratégies éducatives innovantes, inclusives et équitables, ainsi qu'à un engagement renouvelé en faveur du financement de l'éducation. Elle a appelé les États, les organisations internationales, la société civile, les institutions éducatives et le secteur privé à « réimaginer » l'éducation comme un droit transformateur. Elle a plaidé pour des stratégies innovantes et équitables pour faire de l'éducation un pilier de sociétés résilientes et inclusives, capables de garantir les droits humains pour tous.

M. VOLKER TÜRK, Haut-Commissaire des Nations Unies aux droits de l'homme, a pour sa part souligné que l'éducation, bien que souvent négligée, est une solution essentielle face aux crises mondiales car elle constitue un investissement à long terme dont les avantage sont multiples: elle transforme les sociétés, renforce les compétences, favorise la participation civique et la lutte contre la pauvreté et stimule l'innovation, a-t-il précisé. L'éducation est aussi un moteur économique puissant, capable de générer de la croissance et de réduire les inégalités entre les sexes, notamment. En outre, l'éducation joue un rôle crucial dans la prévention des conflits et le renforcement de la cohésion sociale, en particulier lorsqu'elle intègre les droits humains, a souligné le Haut-Commissaire.

Cependant, malgré son potentiel, l'éducation est gravement menacée, a mis en garde M. Türk. Les conflits à Gaza, au Soudan, en Haïti et en Ukraine ont détruit des milliers d'écoles et privé des millions d'enfants de leur droit à apprendre; en Afghanistan, la majorité des enfants ne savent pas lire et 80% des jeunes filles sont exclues du système éducatif et de l'emploi, a-t-il fait observer. Les enfants réfugiés, les enfants des minorités et les jeunes LGBTIQ+ sont victimes de discriminations et de harcèlement à l'école, a-t-il poursuivi, avant d'ajouter que dans certains pays, élèves et enseignants sont sanctionnés pour avoir défendu la justice et la paix.

L'éducation aux droits de l'homme doit être profondément ancrée dans nos sociétés, a plaidé le Haut-Commissaire : « Imaginez les avantages si tous les développeurs informatiques, économistes, enseignants et travailleurs sociaux comprenaient les répercussions de leur travail sur les droits de l'homme », a-t-il déclaré.

Le Haut-Commissaire a plaidé pour un changement radical : l'éducation doit devenir une priorité nationale et mondiale, soutenue par des politiques financières équitables et par une coopération internationale renforcée, notamment pour combler la fracture numérique, et l'éducation aux droits humains être intégrée dans tous les secteurs, a-t-il indiqué. On pourrait combler l'ensemble du déficit annuel de financement de l'éducation dans les pays à faible revenu et à revenu intermédiaire inférieur avec moins de 4% des dépenses militaires mondiales en 2024, a souligné M. Türk.

Table ronde inaugurale

Ce matin, le Forum a tenu une table ronde inaugurale sur le thème « La contribution de l'éducation au respect, à la promotion, à la protection et à la réalisation de tous les droits humains pour toutes et tous. »

Ont pris part à cette table ronde, les panélistes suivants: Mme Farida Shaheed, Rapporteure spéciale sur le droit à l'éducation; Mme Ana Luiza Massot Thompson-Flores, Directrice du Bureau de liaison de l'UNESCO à Genève; M. Bonny Ibhawoh, Président du Mécanisme d'experts des Nations Unies chargé de la question du droit au développement; et Mme Whitney Mélinard, Présidente de Kopounoule Inc.

Ont ensuite pris part au débat les représentants des pays suivants: Albanie, Philippines, Éthiopie, Cuba, Union européenne, Indonésie, Hongrie, Venezuela, Afrique du Sud, Jordanie, Colombie, Malaisie, Bélarus, Chine, Espagne, Ukraine, Iraq, Bolivie, Fédération de Russie, Pakistan, Grèce, République dominicaine, Koweït, Bangladesh, Iran, Azerbaïdjan. Sont en outre intervenus la Commission des droits de l'homme des Philippines; Rights Centre Education Network; Associazione Comunita Papa Giovanni XXIII; Humanity First; Réseau Unité pour le Développement de la Mauritanie; Women's Federation For World Peace International; Tierra Nuestra; Nigeria Humanist Association; ALLI association; Union Leader FNV; United States Council of Organizations; Genève pour les droits de l'homme; Her Dream Initiative; EUDEC - European Democratic Education Community; M. Hassan Omran; The Association of People with Disability; Mme Sitara Brooj Akbar; Pilares de una sociedad Project; DMUN Foundation; Diaspora Policy Interaction; Gregory Odey Water Foundation; Nebrija Mun, student association; Integracion Ciudadana Suiza; Congrès Mondial tchétchène; et Réveil communautaire d'assistance aux victimes.

Dans leurs présentations, les panélistes ont souligné que l'éducation est à la fois un droit fondamental et un droit habilitant, indispensable à la réalisation de tous les autres droits humains et du droit au développement. Ils ont affirmé qu'elle doit être reconnue comme un bien public mondial, au service de la dignité, de la justice sociale, de l'égalité et de la paix, et non comme une marchandise ou un privilège.

Les intervenants ont en outre mis en garde contre l'affaiblissement des systèmes éducatifs dans un contexte de crises multiples - conflits, catastrophes climatiques, dettes publiques, fractures numériques -, et ont appelé à renforcer le financement public de l'éducation, à garantir des conditions de travail décentes pour les enseignants, et à assurer la sécurité et l'inclusivité des écoles, y compris en période d'urgence. Ils ont par ailleurs insisté sur la nécessité de considérer l'éducation non pas comme une simple voie vers l'emploi, mais comme un outil d'émancipation permettant à chaque individu de développer son potentiel, de comprendre les dynamiques sociales et environnementales, d'exercer son esprit critique et de contribuer au bien commun.

Les panélistes ont d'autre part rappelé que l'éducation favorise la réalisation de tous les droits humains: elle soutient le droit à un travail décent, à la santé, à la participation publique et à la liberté d'expression. L'éducation des filles et des jeunes femmes a été identifiée comme un levier essentiel de transformation sociale et d'égalité. Les intervenants ont également insisté sur la valeur des contenus éducatifs: ceux-ci doivent être inclusifs, refléter la diversité linguistique et culturelle, et encourager la tolérance, la compréhension mutuelle et la reconnaissance des identités multiples, a-t-il été souligné.

Les panélistes ont attiré l'attention sur le rôle crucial de l'éducation environnementale et climatique, fondée sur la justice intergénérationnelle et la responsabilité envers la planète, et intégrant les savoirs autochtones et une approche éthique du développement durable. Pour être véritablement transformatrice, l'éducation doit aussi être décolonisée, ancrée dans les réalités locales et connectée à la vie communautaire, a-t-il été affirmé.

D'aucuns ont appelé à renforcer la coopération internationale et le multilatéralisme pour combler les écarts de financement en matière d'éducation, garantir l'accès universel à une éducation de qualité et veiller à ce que les politiques économiques et financières soutiennent, plutôt qu'elles n'entravent, la mise en œuvre du droit à l'éducation. Il a été affirmé que l'éducation n'est pas seulement une préparation à la vie, mais la vie elle-même: le fondement de sociétés plus justes, durables et humaines.

A l'instar des panélistes, plusieurs délégations ont ensuite souligné que l'éducation constitue à la fois un droit humain fondamental et un droit habilitant, indispensable à la réalisation de tous les autres droits. Elle est considérée comme le socle d'une société juste, inclusive et démocratique, favorisant la compréhension, la tolérance, la solidarité et la participation citoyenne, a-t-il été rappelé. En permettant à chacun de connaître, de revendiquer et de défendre ses droits, l'éducation renforce la dignité humaine et la cohésion sociale, a-t-on également fait observer.

D'aucuns ont insisté sur l'importance de garantir une éducation de qualité, inclusive et équitable, accessible à toutes et à tous, sans distinction d'origine, de genre, de situation économique ou de handicap, et de ne laisser personne de côté, en veillant à ce que les enfants issus de milieux défavorisés, les personnes handicapées, les populations rurales ou autochtones et les femmes bénéficient d'un accès égal aux opportunités éducatives. À cette fin, des mesures concrètes ont été présentées, telles que la gratuité de l'enseignement primaire et secondaire, la distribution de manuels scolaires gratuits, la mise en place de repas subventionnés, ainsi que l'octroi de bourses et de prêts d'études pour les étudiants issus de familles à faible revenu.

L'éducation est un moteur du développement durable, a-t-il été souligné. Plusieurs orateurs ont rappelé l'Objectif de développement durable n°4, relatif à une éducation de qualité, et ont insisté sur le rôle central de l'éducation dans la construction de sociétés plus résilientes face à la triple crise planétaire du climat, de la biodiversité et de la pollution. L'éducation environnementale et à la durabilité permettrait de renforcer la conscience écologique, de promouvoir la justice climatique et de garantir l'équité entre les générations, a-t-il été indiqué.

La dimension transformatrice de l'éducation a été particulièrement mise en avant: l'éducation ne change pas seulement les sociétés, mais d'abord les individus, qui à leur tour changent la société, a-t-il été expliqué. L'éducation doit donc favoriser l'épanouissement personnel, la créativité et le développement du plein potentiel de chacun, tout en intégrant les valeurs éthiques de respect, de paix et de non-discrimination, a-t-il été affirmé.

Plusieurs intervenants ont insisté sur la nécessité d'intégrer les droits humains dans les programmes scolaires et dans toutes les formes d'apprentissage tout au long de la vie. L'éducation aux droits humains est un moyen de cultiver l'esprit critique, la participation démocratique et le respect mutuel, a-t-il été souligné. L'apprentissage doit être conçu comme un processus continu, qui accompagne les individus de l'enfance à l'âge adulte, y compris par la formation professionnelle et la reconversion, a-t-on souligné.

Certains intervenants ont évoqué les enjeux contemporains liés aux technologies émergentes, notamment l'intelligence artificielle (IA), en soulignant l'importance d'un encadrement desdites technologies fondé sur les droits humains pour éviter que la fracture numérique n'aggrave les inégalités existantes. Bien utilisée, la technologie peut au contraire favoriser l'inclusion, améliorer la qualité de l'enseignement et soutenir les enseignants, a-t-il été affirmé. L'éducation, lorsqu'elle repose sur les principes des droits humains, de l'inclusion et de la durabilité, demeure l'un des leviers les plus puissants pour promouvoir la dignité, l'égalité et le développement de tous, a-t-on insisté.

Dans leurs remarques de conclusion, les panélistes ont réaffirmé que le droit à l'éducation est à la fois émancipateur, transformateur et indissociable de la réalisation de tous les autres droits humains. Ils ont insisté sur la nécessité de combler l'écart entre le droit à l'éducation et la réalité vécue par les apprenants, en tenant compte des inégalités persistantes liées au handicap, à l'origine sociale, géographique ou culturelle, ainsi qu'à la fracture numérique. Plusieurs intervenants ont appelé à repenser les priorités budgétaires et les politiques publiques pour garantir une éducation véritablement inclusive et adaptée aux défis contemporains, notamment ceux liés aux technologies et aux conflits. Lors de cette table ronde, a-t-il en outre été souligné, l'accent a été mis sur l'importance de la coopération internationale et du droit au développement comme leviers pour rendre effectif le droit à l'éducation à l'échelle mondiale. Enfin, un appel vibrant a été lancé à transformer les paroles en actions concrètes, afin que l'éducation holistique, durable et fondée sur les droits humains devienne une réalité pour tous.

Table ronde sur « L'éducation aux droits civils - Liberté, sécurité et responsabilité »

La modératrice du débat, MME JUANA MARÍA IBÁÑEZ RIVAS, membre du Mécanisme d'experts chargé de la question du droit au développement, a souligné que le droit à l'éducation était à la fois un droit humain et un moyen indispensable de réaliser d'autres droits humains, en particulier le droit d'apprendre en sécurité dans un environnement sûr.

Ont ensuite fait des présentations les panélistes ci-après: MME VERENE SHEPHERD, Vice-Présidente du Comité pour l'élimination de la discrimination raciale (CERD, selon l'acronyme en anglais); MME PETRA HEUSSER, du Geneva Hub on Education in Emergencies; MME MARIA LUCIA URIBE TORRES, Directrice d'Arigatou International; et MME DENISE ROCHE, chargée de plaidoyer à Scholars at Risk Europe.

Ont également pris part au débat les représentants des pays suivants : Fédération de Russie, République bolivarienne du Venezuela, République islamique d'Iran, Équateur et République dominicaine. Ont aussi participé au dialogue: la Commission nationale des droits de l'homme des Philippines, Federación Internacional Fe y Alegría, Rights-Centric Education Network, Pilares de una sociedad Project, The Association of People with Disability, Association for the Human Rights of the Azerbaijani People in Iran, DMUN, Global Student Forum, Group of Advocates for the Right to Development, Geneva for Human Rights, Associazione Comunita Papa Giovanni XXIII, Union Leader FNV, Mme Raïssa D'Zentima, Women's Federation for World Peace International, Diaspora Policy Interactionet Latter-day Saint Charities.

S'agissant d'abord des aspects liés à la sécurité, les panélistes ont insisté sur le rôle salvateur de l'éducation dans les situations d'urgence, alors que - a-t-il été indiqué - à la fin de 2024, plus de 473 millions d'enfants vivaient dans des zones de conflit ou les fuyaient, et que plus de 242 millions d'enfants ont vu leur scolarité perturbée par les changements climatiques. Dans de tels contextes, l'éducation ne se contente pas de soutenir la vie; elle la sauve en dotant les enfants des connaissances et des compétences nécessaires pour se protéger et protéger les autres, a-t-il été souligné.

De plus, les écoles et les espaces d'apprentissage sauvent des vies en offrant des espaces sûrs supervisés par des adultes de confiance, qui protègent les enfants contre tout danger, a-t-il été ajouté. Les écoles sont sources de connaissances vitales dispensées par les enseignants en matière de santé, d'hygiène, de munitions non explosées et de prévention des maladies ; de plus, elles fournissent parfois des repas scolaires et, lors de catastrophes, peuvent mettre en relation les familles avec des services de recherche et de réunification, a-t-il été souligné.

A d'autre part été mentionnée l'importance de l'éducation des mères, qui - selon l'UNESCO - est l'un des facteurs les plus déterminants pour la survie des enfants. Si toutes les femmes achevaient leurs études secondaires, la mortalité infantile pourrait baisser de 49%, ce qui permettrait de sauver trois millions de vies chaque année, a-t-on fait remarquer.

L'éducation est également essentielle pour lutter contre la crise climatique, qui menace le droit à la vie, a-t-il été rappelé. À cet égard, a-t-on expliqué, l'intégration de l'action climatique dans les programmes scolaires permet aux enfants et aux jeunes d'acquérir les connaissances et les compétences nécessaires pour anticiper les risques, se protéger et aider leurs communautés à s'adapter et à survivre.

Concernant la liberté, une intervenante a souligné qu'une éducation qui valorise les garçons en leur faisant croire qu'ils sont naturellement appelés à occuper des postes de direction et de gestion, tandis que les femmes existeraient seulement dans la sphère privée, est préjudiciable, de même que l'est une éducation qui valorise certains groupes ethniques au détriment d'autres. Cette oratrice a ainsi souligné l'effet que les manuels scolaires et les programmes d'études peuvent avoir sur les groupes marginalisés, notamment les personnes d'ascendance africaine, et en particulier sur les femmes et les filles. Elle a en outre insisté sur l'importance, pour les peuples colonisés ou anciennement colonisés, en particulier les personnes d'ascendance africaine, d'éviter tout type d'éducation qui les prive de leur pouvoir. Il n'y a aucun doute, a-t-elle ajouté, sur le rôle transformateur de l'éducation dans les sociétés postcoloniales marquées par le double effet du colonialisme et de l'esclavage racialisé: « l'éducation est le moyen par lequel un peuple se prépare à créer sa propre civilisation et à assurer le progrès et la gloire de sa race », avait affirmé Marcus Garvey.

Il a par ailleurs été rappelé que le droit à l'éducation ne peut se réaliser que s'il s'accompagne aussi de la liberté académique, une liberté utile pour la société dans son ensemble car elle favorise la recherche de la vérité et garantit ainsi la qualité de la recherche et des enseignements.

S'agissant d'aspects pédagogiques, il a été recommandé de former et de soutenir les enseignants en tant que moteurs de l'inclusion dans la salle de classe et devant, à ce titre, acquérir les compétences nécessaires pour aider les enfants à réfléchir de manière éthique et critique. De même, il conviendrait d'appliquer une pédagogie participative qui contribue à développer chez les enfants leur capacité à vivre avec les autres et à transformer leurs communautés, a-t-il été indiqué.

D'autres recommandations présentées lors du débat ont porté sur l'intégration de l'éducation dans la planification et la riposte humanitaires; sur la mise à disposition d'investissements suffisants dans l'éducation en tant que facteur déterminant non seulement pour les enfants et les jeunes, mais aussi pour les sociétés dans leur ensemble; et sur la nécessité de favoriser une éducation éthique en intégrant des enseignements interconfessionnels et interculturels dans les programmes scolaires, afin de faire respecter le droit à la liberté de pensée, de conscience et de religion.

Pendant le dialogue avec les panélistes, des représentants d'États ont indiqué que l'éducation aux droits de l'homme faisait partie non seulement des programmes scolaires de leurs pays, mais aussi de la formation des magistrats et autres personnels du pouvoir judiciaire. Ont en outre été mentionnées des politiques pédagogiques destinées à favoriser le respect de la liberté d'expression et la prévention de la violence, ainsi que des mesures prises pour faire de l'éducation un service qui autonomise les jeunes. L'éducation, a affirmé une délégation, est simultanément un bien personnel et un bien public, ce qui suppose que les enfants apprennent que les libertés doivent aussi s'accompagner d'une prise de conscience des responsabilités que chaque citoyen doit assumer dans la vie sociale.

L'éducation, ont affirmé plusieurs intervenants, ne saurait se limiter à la transmission de connaissances ; elle doit aussi servir d'outil pour favoriser le respect et la promotion des droits de l'homme, de même que la pluralité des cultures et systèmes de pensée. Le droit fondamental de pouvoir apprendre tout au long de la vie a aussi été rappelé. Une organisation a plaidé pour un changement radical favorable au dialogue entre les cultures et les civilisations, et pour que les enseignements dispensés dans les écoles correspondent à ce programme.

Les États Membres doivent garantir l'accès à l'éducation des enfants vivant dans les camps de personnes déplacées et les protéger contre l'exploitation au travail, a-t-il par ailleurs été demandé. Il a été recommandé de créer des salles de classes itinérantes et de prendre d'autres initiatives sur mesure pour les enfants déplacés.

Plus de 300 millions de personnes vivent dans des pays qui consacrent davantage de ressources au service de la dette qu'à l'éducation, a mis en garde un intervenant. Investir dans l'éducation, c'est choisir la paix, encourager l'innovation, promouvoir la justice sociale et favoriser la lutte contre la discrimination, a-t-il été affirmé.

Le principe de liberté académique devrait aussi s'appliquer aux élèves, ont suggéré des intervenants, plusieurs d'entre eux regrettant que les systèmes scolaires ne donnent pas suffisamment aux enfants et aux jeunes la possibilité de participer à la prise des décisions qui les concernent dans l'environnement scolaire. Le rôle joué par les organisations d'étudiants pour faire respecter leurs droits a été mis en avant.

Ont également été soulignés les avantages de l'éducation inclusive des enfants handicapés et l'importance de respecter les droits culturels des minorités ethniques.

Dans leurs remarques de conclusion, les panélistes ont insisté sur la nécessité de respecter le droit à l'éducation des enfants pendant dans les situations d'urgence, au même titre que les autres interventions destinées à sauver des vies, ainsi que de protéger ce droit pendant les conflits armés et les autres situations de violence et dans le contexte des changements climatiques, en faisant en sorte que des financements suffisants soient dégagés à cet effet. Il a été regretté que la participation des jeunes aux décisions en matière d'éducation reste encore insuffisante.

Table ronde sur « L'éducation aux droits culturels - Diversité, mémoire et appartenance »

Modératrice du débat, Mme Mylène Bidault, spécialiste des droits de l'homme au Haut-Commissariat des Nations Unies aux droits de l'homme, attachée au mandat de Rapporteur spécial sur le droit à l'éducation, a souligné que la discussion porterait sur le lien entre éducation et droits culturels, et sur les conditions permettant à l'éducation de réellement contribuer à la réalisation desdits droits. Elle a rappelé que les droits culturels protègent à la fois le développement et l'expression des identités culturelles, ainsi que l'accès et l'usage des savoirs dans toute leur diversité, ce qui confère à l'éducation un rôle central dans leur mise en œuvre.

Ont ensuite fait des présentations les panélistes ci-après: Mme Alexandra Xanthaki, Rapporteuse spéciale sur les droits culturels; M. Zongxu Xie, lauréat 2024 du Programme de bourses destinées aux autochtones du Haut-Commissariat des Nations Unies aux droits de l'homme; Mme Camilla Croso, Directrice exécutive de la Coalition for Academic Freedom in the Americas (CAFA); et M. Patrice Meyer-Bisch, Président de l'Observatoire des droits culturels et de la diversité de Fribourg (Suisse).

Ont également pris part au débat les représentants des pays suivants: Venezuela, Iran, Ukraine, Italie, et Mexique. Sont aussi intervenus le Conseil de l'Europe; Association for the human rights of the Azerbaijani people in Iran- AHRAZ; Associazione Comunita Papa Giovanni XXIII(APG23); Global Student Forum; Genève pour les droits de l'homme; DMUN; Maniati Evaggelia, OTHISI High School; Réseau Unité pour le développement de la Mauritanie (CIDH AFRICA); Elsa Nebrija, student association; et Latter-day Saint Charities.

Les panélistes ont relevé le rôle de l'éducation comme vecteur des droits culturels, scientifiques et humains, en soulignant sa capacité à relier diversité, créativité et responsabilité collective. D'aucuns ont mis l'accent sur l'éducation en tant que droit culturel à part entière, inséparable du droit d'exprimer et de transmettre son identité. Il a été rappelé que les droits culturels englobent les arts, les langues, les croyances, les savoirs, les traditions, la science et le lien à la nature. Enseigner ces dimensions dans toute leur diversité permet aux individus, notamment aux minorités, aux migrants et aux peuples autochtones, de mieux comprendre et revendiquer leur identité culturelle, a-t-il été souligné. Les panélistes ont plaidé pour une approche éducative qui dépasse les récits dominants et valorise les perspectives multiples, l'esprit critique et le respect mutuel, afin de transformer la diversité culturelle en dialogue. Cette idée a été illustrée concrètement à travers des initiatives d'éducation communautaire où l'apprentissage s'enracine dans la vie quotidienne. Il a été montré comment la transmission des savoirs artisanaux, artistiques et écologiques peut renforcer la cohésion, créer des ponts entre générations et relier savoirs traditionnels et innovations contemporaines. Ces expériences démontrent que l'éducation peut être un instrument vivant de participation, d'autonomisation et de développement durable, reliant le local et le global, a-t-il été souligné.

Certains intervenants ont attiré l'attention sur le lien entre éducation, science et liberté académique et il a été souligné que le droit à la science fait partie intégrante des droits humains, au même titre que le droit à l'éducation. D'aucuns ont alerté sur les menaces croissantes pesant sur la recherche et la liberté scientifique, évoquant notamment les menaces que constituent à cet égard le sous-financement, la censure, la désinformation et le déni climatique, et ont insisté sur le rôle crucial de l'éducation pour y faire face. Former à la curiosité, à la vérification des sources et à la pensée critique est le meilleur antidote à la manipulation et au populisme, a rappelé un panéliste.

Les intervenants ont en outre appelé à protéger les enseignants, chercheurs et communicants, considérés comme des défenseurs des droits humains.

L'éducation, a-t-il été souligné, ne se limite pas à la transmission de connaissances, mais constitue un espace de relations vivantes entre individus, communautés et ressources culturelles. En favorisant la diversité des approches, l'interdisciplinarité et la circulation des savoirs, elle devient une condition essentielle de la démocratie, du développement durable et du dialogue entre les peuples, a-t-il été observé.

Plusieurs délégations ont souligné le rôle essentiel de l'éducation et des droits culturels dans la construction de sociétés inclusives, pacifiques et résilientes. Beaucoup ont rappelé que l'éducation constitue un pilier fondamental du développement humain et social, en favorisant la compréhension, la solidarité et le respect de la diversité. Certaines délégations ont insisté sur la nécessité de garantir la liberté académique, la protection du patrimoine culturel et la mémoire historique, tout en soutenant les travailleurs culturels et en valorisant les expressions artistiques et linguistiques locales.

L'éducation aux droits humains a été décrite comme un instrument privilégié pour combattre les discriminations et promouvoir la participation citoyenne. Des exemples concrets ont été partagés, tels que l'intégration de l'éducation civique et numérique dans les programmes scolaires, la mise en œuvre de résolutions internationales sur l'éducation aux droits humains, ou encore la création de programmes visant à renforcer l'inclusion des minorités, des personnes handicapées et des jeunes vulnérables.

Plusieurs intervenants ont rappelé que la paix et le développement durable ne peuvent être atteints sans une éducation fondée sur les droits humains et la citoyenneté responsable.

D'aucuns ont par ailleurs évoqué les obstacles majeurs auxquels font face des populations: guerres, coercitions économiques, politiques linguistiques ou culturelles excluantes. L'impact des conflits armés sur les écoles, les enseignants et les étudiants a été vivement dénoncé. Des appels ont été lancés pour que les mécanismes des Nations Unies continuent à surveiller et protéger les droits à l'éducation et à la culture dans ces contextes de crise.

Ont d'autre part été mises en avant des initiatives nationales visant à promouvoir l'éducation interculturelle et multilingue, notamment à destination des peuples autochtones et des communautés marginalisées. Ces programmes cherchent à renforcer le sentiment d'appartenance, la cohésion sociale et la coresponsabilité des familles et des enseignants dans la vie scolaire, a-t-il été souligné.

Enfin, plusieurs organisations de la société civile ont rappelé que la mémoire historique et culturelle est au cœur de l'identité collective des peuples. L'éducation, a-t-il été affirmé, doit permettre aux jeunes de s'inspirer de cette mémoire pour construire un avenir plus juste et pacifique, tout en reconnaissant la diversité linguistique et culturelle comme une richesse à protéger, et non comme une menace à l'unité nationale.

Dans leurs remarques de conclusion, les panélistes ont attiré l'attention sur la nécessité de penser l'avenir de l'éducation à travers le prisme de la culture, de la science et de l'humanité partagée. Ils ont insisté sur l'importance de bâtir à cette fin une approche créative et collaborative, fondée sur la diversité des savoirs, la transmission du patrimoine culturel et le dialogue intergénérationnel. L'éducation, a-t-il été rappelé, ne doit pas seulement être quantitative ou technocratique, mais aussi qualitative et humaniste, nourrie par la curiosité, l'imagination et la capacité d'émerveillement.

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HRC25.015F

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