10/06/2025 | News release | Distributed by Public on 10/06/2025 13:32
Quinze ans après le lancement des grandes campagnes mondiales contre le tabac, la bataille est loin d'être gagnée. Le dernier rapport de l'OMS sur la question, publié lundi, montre toutefois un net recul du nombre de fumeurs dans le monde : la part des adultes consommant du tabac est passée de 26 % en 2010 à 19,5 % en 2023. Mais l'épidémie persiste : un adulte sur cinq dans le monde reste dépendant de la nicotine.
Le directeur général de l'OMS, Tedros Adhanom Ghebreyesus, salue les millions de personnes qui « arrêtent ou ne commencent pas à consommer du tabac grâce aux politiques de lutte menées par les pays du monde entier ». Mais il avertit aussitôt : « Face à ces avancées, l'industrie du tabac contre-attaque en lançant de nouveaux produits à base de nicotine, en ciblant agressivement les jeunes. Les gouvernements doivent agir plus vite et plus fermement pour appliquer les politiques de lutte antitabac qui ont fait leurs preuves ». En cause : le vapotage, nouvelle porte d'entrée vers la dépendance.
Pour la première fois, l'OMS intègre à son analyse l'usage de la cigarette électronique, tant chez les adultes que chez les adolescents. Les chiffres sont alarmants : plus de 100 millions de personnes vapotent désormais, dont 86 millions d'adultes et au moins 15 millions d'adolescents âgés de 13 à 15 ans.
En moyenne, le vapotage chez les adolescents est neuf fois plus fréquent que chez les adultes. L'agence onusienne de la santé appelle les gouvernements à combler les failles juridiques qui permettent encore à l'industrie de cibler la jeunesse, et à soumettre les cigarettes électroniques et produits similaires aux mêmes restrictions que le tabac.
« Les cigarettes électroniques alimentent une nouvelle vague de dépendance à la nicotine », déplore Étienne Krug, chef du département des déterminants sociaux de la santé à l'OMS. « Elles sont présentées comme une alternative moins nocive, mais en réalité, elles accrochent les jeunes à la nicotine de plus en plus tôt et risquent de compromettre des décennies de progrès ».
Au total, 10 % des adolescents dans le monde déclarent consommer un ou plusieurs produits du tabac. Pour l'OMS, le risque est clair : voir naître une nouvelle génération de dépendants, façonnée non plus par la cigarette traditionnelle, mais par des dispositifs high-tech à la nicotine.
La géographie du tabagisme évolue. En Asie du Sud-Est, longtemps considérée comme l'épicentre mondial de la consommation, la proportion d'hommes fumeurs a presque été divisée par deux, passant de 70 % en 2000 à 37 % en 2023 % - une chute qui représente à elle seule plus de la moitié du recul mondial.
Mais ailleurs, le combat est plus lent. L'Europe demeure la région où l'on fume le plus, suivie par la zone Pacifique occidental, tandis que l'Afrique affiche la plus faible prévalence.
L'OMS prévoit une poursuite du déclin global d'ici 2030, à condition que les États redoublent d'efforts pour freiner la contre-offensive de l'industrie. « Près de 20 % des adultes consomment encore du tabac ou des produits à base de nicotine. Nous ne pouvons pas relâcher nos efforts maintenant », avertit Jeremy Farrar, sous-directeur général de l'organisation.