09/30/2025 | Press release | Distributed by Public on 09/30/2025 06:32
La journaliste turque Elif Akgül comparaîtra ce 30 septembre devant la cour d'assises à Istanbul, accusée d'être membre d'une formation politique prétendument en lien avec le Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK, interdit en Turquie et dans l'Union européenne). Reporters sans frontières (RSF) demande sa relaxe, ainsi que celles de Yildiz Tar et Ender Imrek, aussi poursuivis pour des faits similaires alors qu'ils n'ont fait que leur travail.
Ancienne boursière du programme de bourses de RSF à Berlin en 2022, la journaliste indépendante Elif Akgül, qui a notamment travaillé pour le site d'information Bianet.org (partenaire de RSF en Turquie) et qui couvre depuis 2012 les affaires judiciaires turques contre les professionnels des médias et la liberté d'expression, a été arrêtéele 18 février. Cela dans le cadre de raids menés dans dix provinces contre le Congrès démocratique du peuple (HDK), une organisation regroupant des groupes pro-kurdes et de gauche. Incarcérée le 21 février dans la prison pour femmes de Bakirköy d'Istanbul, elle avait été libérée le 2 juin sous contrôle judiciaire, après plus de 100 jours de détention, dans l'attente de l'ouverture de son procès, ce 30 septembre.
Si elle reconnaît, lors de son interrogatoire, avoir été élue déléguée du HDK en 2011 - une activité légitime, publique et en aucun cas mise en cause par la justice -, elle nie tout lien politique depuis qu'elle est devenue journaliste, en 2012. Aujourd'hui, ses contacts téléphoniques avec différentes rédactions, dont Bianetet ce lien qu'elle a eu durant une année il y a de cela 13 ans, lui valent d'être injustement accusée aujourd'hui d'appartenir au HDK, que la Cour de cassation a décrété, en décembre 2019, formation politique "en lien avec le PKK"- une décision toutefois dénoncée par la société civile.
Elif Akgül risque jusqu'à 15 ans de prison.
"En Turquie, outre les arrestations arbitraires et les poursuites judiciaires incessantes, les journalistes sont de plus en plus régulièrement soumis à des mesures de contrôle judiciaire, dans le cadre de dossiers montés de toutes pièces. Nous demandons à ce que ces interventions illégales et accusations injustifiées, visant en fait le droit à l'information, cessent une bonne fois pour toute."
Quelques jours après Elif Akgül, c'est le procès de Yildiz Tarqui débutera le 13 octobre. Arrêté à son domicile de la capitale Ankara et emprisonné le même jour qu'Elif Akgül, le rédacteur en chef du site d'information LGBT+ Kasos GLa été libéré de la prison Metris d'Istanbul, le 30 mai, sous contrôle judiciaire. On lui reproche d'avoir participé à des réunions du HDK début 2010- la formation politique était donc légitime à l'époque - et de l'avoir contacté en 2012 et 2013 pour l'agence de presse ETHA(ou Etkin), dont il était à l'époque le rédacteur en chef, pour couvrir ces activités politiques, sociales et LGBT+. Ce 25 septembre, la cour d'assises d'Istanbul a par ailleurs refusé de lever l'interdiction de sortie du territoire, imposée au journaliste Ender Imrek, accusé dans cette même enquête, principalement sur la base des éditoriaux parus dans le quotidien de gauche Evrensel("Universel") et le site yazaroku.com. Alors qu'il était soumis à une assignation à résidence depuis son interpellation, la mesure a été allégée à partir du 29 mai avec une confiscation de son passeport.
La Turquie est classée 159e sur 180 pays et territoires dans le Classement mondial de la liberté de la presse2025 de RSF.