UNOG - United Nations Office at Geneva

09/16/2025 | News release | Distributed by Public on 09/16/2025 22:21

Génocide à Gaza ? Le chef de l'ONU s’en remet aux juges, mais dénonce l’intolérable

À quelques jours du grand rendez-vous diplomatique de septembre, la traditionnelle conférence de presse de pré-rentrée du Secrétaire général de l'ONU a été dominée lundi par une question pressante : faut-il qualifier les opérations israéliennes à Gaza de génocide ? António Guterres s'en remet aux juges de La Haye, tout en condamnant une réalité « absoluement intolérable ».

« L'histoire ne vous jugera-t-elle donc pas sévèrement ? » Dans la salle de presse du siège des Nations Unies, à New York, la question posée par un journaliste a semblé piquer au vif António Guterres. Le diplomate d'origine portugaise, dont le second mandat arrivera à expiration fin 2026, est pourtant rompu à cet exercice auquel il se plie chaque année depuis 2017 : une discussion à bâtons rompus avec les médias, juste avant que les chefs d'État et de gouvernement du monde entier ne déferlent sur la Grande Pomme pour le coup d'envoi de la nouvelle session de l'Assemblée générale.

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À l'origine de la question, un rapport, publié lundi, dans lequel une commission d'enquête indépendante mandatée par le Conseil des droits de l'homme de l'ONU accuse Israël de génocide à Gaza. Depuis le début de la guerre, déclenchée le 7 octobre par une attaque du Hamas dans le sud d'Israël, dans laquelle 1.200 personnes ont trouvé la mort, l'armée israélienne a tué plus de 60.000 Palestiniens dans l'enclave.

Entre autres crimes, le rapport reproche au pays le meurtre d'un « nombre sans précédent de Palestiniens », l'imposition d'un blocus humanitaire ayant conduit l'ONU à déclarer l'état de famine, le 22 août dernier, et la destruction systématique des hôpitaux et écoles de la bande.

Condamnation de l'horreur

Interrogé sur les conclusions de cette enquête indépendante, M. Guterres a jugé qu'il n'était « pas dans les attributions du Secrétaire général de déterminer légalement le génocide ». Cela relève plutôt, a-t-il ajouté, des compétences de la Cour internationale de Justice, la plus haute juridiciton onusienne basée à La Haye, qui est saisie depuis 2023 d'une plainte pour génocide portée par l'Afrique du Sud.

Le Secrétaire général s'est toutefois empressé de condamner, comme il le fait de manière quasiment quotidienne depuis deux ans, « l'horreur » de la guerre menée par Israël, qui a lancé lundi une offensive terrestre de grande ampleur dans la ville de Gaza. « Nous assistons à des meurtres massifs de civils sans équivalent avec aucun conflit depuis que je suis Secrétaire général », a-t-il déploré.

Ce qu'il s'est gardé de nommer, M. Guterres l'a donc décrit par le menu : la destruction massive de quartiers, la famine organisée, les hôpitaux hors d'usage, l'exode forcé. « Indépendamment des noms donnés, la vérité est que c'est moralement, politiquement et légalement intolérable », a-t-il martelé.

Une médiation vitale

Face aux blocages, le chef de l'ONU mise sur les leviers diplomatiques encore ouverts. Le Qatar a notamment annoncé qu'il était prêt à reprendre sa médiation entre Israël et le Hamas, interrompue la semaine dernière par une frappe israélienne visant des responsables du Hamas à Doha. « Cette médiation est absolument vitale […] pour instaurer un cessez-le-feu immédiat avec la libération immédiate et inconditionnelle des otages et la distribution d'une aide humanitaire efficace », a-t-il estimé. Reste que, selon lui, « il ne semble pas qu'Israël soit intéressé par une négociation sérieuse pour un cessez-le-feu et la libération des otages ».

Quant à l'hypothèse d'une force internationale de protection, M. Guterres n'a laissé place à aucune illusion : « Elle sera rejetée par Israël et, je crois, également par les États-Unis ».

Une question de « sémantique » ?

Alors, face à la question de avoir si l'histoire l'accusera de frilosité dans l'emploi du terme « génocide », il a répondu avec force : « L'histoire retiendra que nous étions en première ligne dans la lutte pour la défense des intérêts du peuple palestinien. […] L'histoire retiendra que nous avons occupé une position de leader dans la défense des droits du peuple palestinien, dans la promotion d'un État palestinien. C'est ce dont l'histoire se souviendra, pas une question de sémantique ». Et de conclure : « Indépendamment de la définition, le problème n'est pas le mot. Le problème, c'est la réalité ».

Le dernier fil : la solution à deux États

Alors que certains responsables israéliens écartent publiquement toute perspective d'un État palestinien, M. Guterres a rappelé l'évidence qui demeure, à ses yeux, incontournable : « Quelle est l'alternative ? C'est le seul État dans lequel un peuple est privé de ses droits fondamentaux, un État où des personnes sont expulsées de leurs terres. Est-ce possible au 21e siècle ? » Pour lui, la solution à deux États, l'un israélien, et l'autre palestinien, vivant en paix l'un à côté de l'autre, reste donc la seule alternative viable pour préserver la paix.

À l'heure où de nouveaux pays ont annoncé leur intention de reconnaître la Palestine comme État, lors d'un sommet international qui aura lieu le 22 septembre à l'initiative de la France et de l'Arabie saoudite, le Secrétaire général a jugé essentiel de « réaffirmer le droit du peuple palestinien à l'autodétermination » et de rappeler qu'« un État unique avec l'asservissement du peuple palestinien sans droits est absolument intolérable ».

Une ONU fragilisée mais obstinée

Interpellé sur l'impuissance du Conseil de sécurité, paralysé par le droit de véto, M. Guterres n'a pas masqué sa frustration.

Mais il a refusé l'ultime geste symbolique qui lui a été suggéré par un journaliste : celui de démissionner. « Je pense que ma démission serait bien accueillie par tous ceux qui se comportent mal », a-t-il spéculé. « Je ne leur ferai donc pas ce plaisir ».

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