RSF - Reporters sans frontières

12/03/2025 | Press release | Archived content

États-Unis : la nouvelle page web “Panthéon de la honte” de la Maison-Blanche intensifie la guerre de Donald Trump contre la presse et discrédite les médias

"Trompeurs. Partiaux. Démasqués." Loin d'encourager un journalisme fiable, cette nouvelle page du site web de la Maison-Blanche, consacrée aux biais médiatiques, est la dernière tentative de l'administration Trump pour clouer au pilori les médias. Les journalistes et les médias critiques envers les mesures prises par Donald Trump sont qualifiés de "coupables" sans aucune explication factuelle justifiant l'inexactitude de leurs reportages. Reporters sans frontières (RSF) exhorte la Maison-Blanche à retirer immédiatement cette page.

À compter du 3 décembre 2025, CBS Newset les journaux Boston Globeet The Independentfigurent en bonne place dans la section "Coupable médiatique de la semaine" de cette nouvelle page web, qui les accuse à tort d'avoir déformé les propos du président Donald Trump.

La Maison-Blanche dresse également une liste de reportages qu'elle qualifie de faux ou trompeurs dans un "Panthéon de la honte", sans fournir la moindre preuve concrète à l'appui de ces accusations. Chaque article est classé dans une ou plusieurs catégories, telles que "Mensonge" et "Folie de gauche", des catégories qui révèlent le ton politique grossier de ce site financé par les contribuables.

Plus bas sur la page, les visiteurs trouveront un "Classement" recensant les médias que la Maison-Blanche accuse d'avoir publié des informations inexactes à répétition. Le Washington Post arrive en tête de liste au moment de la publication. MSNBC(rebaptisé récemment MS NOW) et CBS Newsoccupent respectivement la deuxième et la troisième place, suivis de CNN, du New York Times, de Politicoet du Wall Street Journal. Cette section comprend des graphiques qui imitent le journalisme de données professionnel, mais utilisent des données très douteuses, reproduisant ainsi une pratique croissante de "blanchiment d'information" de plus en plus courante chez les régimes autoritaires.

"La guerre menée par la Maison-Blanche de Donald Trump contre la liberté de la presse devient de plus en plus virulente. Donald Trump lui-même a toujours été adepte des attaques personnelles puériles, et maintenant son équipe de communication instrumentalise les ressources publiques pour lancer ses attaques politiques contre la presse. Mais il ne faut pas tomber dans le piège de croire que la campagne de Donald Trump contre la presse n'est qu'un coup de pub bon marché : son administration s'emploie sans relâche, depuis un an, à éroder la liberté de la presse et l'accès à l'information de manière concrète et profondément néfaste.

Clayton Weimers
Directeur du bureau Amérique du Nord de RSF

"Moche", "stupide", "cochonne" : Trump intensifie son hostilité envers les journalistes femmes

Le "Panthéon de la honte" marque une nouvelle escalade dans les attaques que Donald Trump mène depuis longtemps contre les médias américains. Il fait suite aux poursuites judiciaires engagées contre le Wall Street Journalet le New York Times, ainsi qu'aux accords à l'amiable conclus avec les groupes de médias Disneyet Paramount. Le président américain est connu pour ses réactions agressives et insultantes lorsque des journalistes - en particulier des femmes - posent des questions critiques ou ne rapportent pas les faits selon ses opinions.

Ces dernières semaines, il s'en est pris violemment à plusieurs journalistes femmes : mi-novembre, il a criéà Catherine Lucey, journaliste de Bloomberg: "Silence ! Silence, cochonne !"Catherine Lucey avait interrogé Donald Trump au sujet de documents récemment publiés concernant le défunt délinquant sexuel Jeffrey Epstein.

La porte-parole de la Maison-Blanche, Karoline Leavitt, a jugé ce ton approprié et a défendula déclaration de Donald Trump lors d'une conférence de presse, affirmant que le président "dénonce les fausses informations lorsqu'il les voit et s'agace des journalistes qui diffusent de fausses informations".

Le 26 novembre, Donald Trump a insulté une correspondante du New York Times, la qualifiant de "journaliste de troisième ordre, laide à l'intérieur comme à l'extérieur". Le lendemain, il a demandé à la journaliste de CBS, Nancy Cordes, si elle était "stupide". Elle avait posé des questions sur le contrôle effectué par le gouvernement américain sur les Afghans autorisés à entrer aux États-Unis et ayant obtenu l'asile après la chute de Kaboul en 2021.

Donald Trump utilise des moyens autoritaires pour affaiblir la presse.

Insulter et diffamer les journalistes n'est qu'une partie des attaques de Donald Trump contre la presse. Son administration utilise délibérément les instruments du pouvoir d'État pour nuire aux médias indésirables - une stratégie bien connue des régimes autoritaires. Par exemple, le Congrès américain a réduit de plusieurs milliards de dollarsle financement public de la National Public Radio(NPR) et du Public Broadcasting Service(PBS) sous sa pression.

Donald Trump a également drastiquement réduit le financement des médias de l'audiovisuel extérieur Voice of America(VOA) et Radio Free Europe/Radio Liberty(RFE/RL). Des centaines d'employés ont été licenciés ou contraints de prendre un congé sans solde, et les principales sources d'information indépendantes dans les États autoritaires fermés se sont taries. RSF a intenté une action en justicecontre cette décision conjointement avec des employés de VOA- le jugement final est toujours attendu.

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Publié le03.12.2025
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