Météo-France in New Caledonia and Wallis and Futuna

01/16/2025 | News release | Distributed by Public on 01/15/2025 19:03

Bilan météorologique préliminaire de l’année 2024 en Nouvelle-Calédonie

Établi à partir des données disponibles le 13/01/2025

L'année 2024 s'est déroulée sous l'influence d'un épisode El Niño de forte intensité jusqu'en avril, qui a cédé sa place à des conditions La Niña à partir de décembre. Entre les deux, on était dans une phase neutre.

Malgré cette bascule d'El Niño vers La Niña durant cette année, l'océan Pacifique est resté anormalement chaud tout au long de l'année au voisinage de la Nouvelle-Calédonie, du fait du réchauffement climatique planétaire. Les régimes de pluie, comme les températures en Nouvelle-Calédonie en ont été affectés.

Bien que le bilan pluviométrique de la Nouvelle-Calédonie en 2024 soit conforme aux normales (cumul annuel moyen : 1 485 mm, soit 6 % de moins que la valeur de référence 1991-2020), il cache de fortes disparités d'une saison à l'autre, ainsi qu'un contraste notable entre l'est et l'ouest du pays. Voici ce qu'on peut retenir en particulier cette année :

  • Alors que la côte Est a enregistré un excédent de +15 % de précipitation en moyenne annuelle, la côte Ouest a été déficitaire de - 24 %.
  • Le pays a connu une sécheresse généralisée entre mai et septembre, avec un déficit de - 41 % à l'échelle pays, ce qui a occasionné cette année encore une saison des feux à haut risque et des difficultés d'accès à la ressource en eau pour certaines communes ou dans certains secteurs d'activité.
  • Le retour de La Niña en toute fin d'année a permis de mettre fin à cette sécheresse, avec un excédent pluviométrique de +44 % entre novembre et décembre.

Concernant les températures, l'année 2024, avec 24,3 °C en moyenne pays (soit +0,7 °C par rapport à la normale 1991-2020), est la 3ᵉ année la plus chaude depuis le début des mesures. Qu'il s'agisse des températures maximales comme des minimales, elles ont été le plus souvent au-dessus des normales de saison. Le nombre de records de chaleur battus ne cesse de croître d'année en année, traduisant une véritable accélération du réchauffement climatique.

[Link]

Contexte climatique planétaire en 2024 : l'année la plus chaude depuis le début des mesures.

À l'échelle planétaire, dans un contexte de réchauffement climatique toujours croissant, doublé de la présence du phénomène El Niño durant l'été austral 2023-2024, l'année 2024 est la plus chaude jamais enregistrée depuis le début des mesures : la température moyenne observée à la surface du globe dépasse la référence 1850-1900 de +1,60 °C (estimation proposée par le Copernicus, le 10 janvier 2024), faisant de 2024 la première année qui dépasse le seuil de 1,5 °C défini dans le cadre des accords de Paris en 2015 (illustration 1).

[Link]
Illustration 1 : Évolution des anomalies de température planétaire annuelle entre 1967 et 2024, par rapport à la période de référence 1850-1900.

Source : Copernicus (barres rouges : valeurs ERA5, point oranges : valeurs des autres modèles de climat)

Associé à ce réchauffement climatique global, l'océan planétaire a, dans la continuité de 2023, atteint des valeurs inédites cette année, notamment entre janvier et juin (illustration 2), contribuant ainsi au bouleversement des régimes de pluie, de température, ou encore des événements extrêmes, en de nombreux endroits de la planète, comme en témoigne leur recensement établi par le ClimaMeter.

[Link]
Illustration 2 : Températures quotidiennes de l'océan à l'échelle planétaire en 2024 (courbe orange), comparativement aux années 1981 à 2023 (courbes grises).
Source : Climate réanalyser - NOAA OISST V2.1

Contexte climatique dans le Pacifique en 2024 : El Niño en début d'année, La Niña en fin d'année, mais un océan resté immuablement chaud au voisinage de la Nouvelle-Calédonie

Dans ce contexte de surchauffe planétaire à l'échelle globale, les températures de l'océan Pacifique ont été largement tirées à la hausse tout au long de l'année, modifiant les valeurs habituellement attendues en lien avec la présence successive d'El Niño en début d'année et de La Niña en fin d'année (illustration 3). En effet, alors que la succession de ces phénomènes aurait dû assurer la mise en place d'une alternance de phases chaud/froid entre l'est et l'ouest du Pacifique tropical, l'ouest du Pacifique est resté anormalement chaud tout au long de l'année (y compris pendant El Niño !), tandis que le refroidissement attendu à l'est et au centre du bassin, en lien avec La Niña, a peiné à se mettre en place et n'a pas atteint l'intensité qui lui était prévue (illustration 4).

En conséquence, avec des températures océaniques anormalement élevées tout au long de l'année au voisinage de la Nouvelle-Calédonie, les températures comme les régimes de pluie y ont été sensiblement bouleversés cette année encore.

[Link]
Illustration 3 : Évolution de l'indice Niño 3.4, indice qui traduit la présence et l'intensité de La Niña et d'El Niño, entre janvier 2023 et décembre 2024.
Source : Mercator Océan PSY3V4

[Link]
Illustration 4 : Anomalies de température de surface de l'océan Pacifique au cours de l'année 2024
par rapport à la référence 1979-2000 montrant la bascule d'El Niño (en début d'année) vers La Niña (en fin d'année).

Source : Climatereanalyser.org - ECMWF ERA5 (0.5x0.5)

Bilan des précipitations en Nouvelle-Calédonie : un cumul annuel proche des normales mais qui cache de fortes disparités, tant spatiales que temporelles

Cumul annuel et classement de l'année 2024

Le bilan pluviométrique de la Nouvelle-Calédonie en 2024 est proche de la normale. Le cumul annuel moyen1 sur le pays s'établit à 1 485 mm, soit 6 % de moins que la valeur de référence (1991-2020). Bien que l'année 2024 se classe parmi les années « normales » en Nouvelle-Calédonie (illustration 5), son cumul annuel moyen cache en réalité de fortes disparités d'une saison à l'autre, ainsi qu'un contraste notable entre l'ouest et l'est du pays.


Illustration 5 : Classement des années de 1961 à 2024, établi sur la base du cumul annuel moyen de pluies en Nouvelle-Calédonie.
Source : Météo-France Nouvelle-Calédonie.

1 Cumul annuel moyen: Moyenne établie à partir des données de 16 stations météorologiques disposant de normales 1991-2020 et réparties uniformément sur la Nouvelle-Calédonie.

Répartition géographique des précipitations : un fort contraste Est / Ouest

En 2024, les cumuls annuels de pluie s'échelonnent entre 471 mm à la station de Bouraké (commune de Boulouparis) et 3 713 mm à la station de Goro Ancienne Pépinnière (commune de Yaté) (illustration 6).

Les communes de la côte Est, Maré et l'île des Pins ont été globalement bien arrosées (avec un excédent moyen de +15 %), car ces régions ont été régulièrement exposées aux perturbations qui ont touché le pays tout au long de l'année.

Les communes de la côte Ouest et Bélep ont pour leur part subi un déficit hydrique important, avec en moyenne - 24 % de pluie, du fait d'une succession de mois largement déficitaires de janvier à octobre, à l'exception de juillet.

Concernant Ouvéa et Lifou, les pluies y ont été déficitaires, de l'ordre de - 15 % en moyenne.

[Link]
Illustration 6 : Cumuls annuels de précipitations (en mm) et rapports aux normales annuelles en Nouvelle-Calédonie en 2024.
Source : Météo-France Nouvelle-Calédonie.

Évolution des précipitations au fil des mois : forte sécheresse de mai à septembre

L'année 2024 a connu une succession d'influences climatiques variées, qui ont sensiblement affecté les régimes de pluie sur le pays comme en témoigne le graphique de l'illustration 7.

[Link]
Illustration 7 : Cumuls mensuels moyens de précipitations en 2024 en Nouvelle-Calédonie au regard des normales mensuelles 1991-2020.
Source : Météo-France Nouvelle-Calédonie.

De janvier à avril 2024, dans le contexte d'une saison cyclonique 2023-2024 très peu active (illustration 8), où seule une dépression tropicale faible a concerné la Nouvelle-Calédonie (non représentée sur l'illustration 8), aucun phénomène cyclonique majeur n'a provoqué de précipitations importantes sur le pays en début d'année, entre janvier et avril 2024.

On comptabilise néanmoins au cours de cette période 4 épisodes de pluie remarquables qui ont principalement touché la côte est, l'extrême sud de la Grande Terre et Maré (voir le paragraphe : Épisodes pluvieux remarquables). Par ailleurs, des pluies régulières ont touché l'ensemble du pays tout au long de ces 4 mois. Ainsi, malgré un déséquilibre pluviométrique marqué entre l'est (plus arrosé) et l'ouest du pays (moins arrosé), le bilan pluviométrique à l'échelle pays pour ces 4 premiers mois de l'année a été conforme aux valeurs de saison (- 4 % de déficit de pluie par rapport aux normales).

[Link]
Illustration 8 : Trajectoire des phénomènes tropicaux ayant au moins atteint le stade de dépression tropicale modérée au cours de la saison cyclonique 2023-2024.
Source : Météo-France Nouvelle-Calédonie.

De mai à septembre, et à l'exception de juillet, le temps a été particulièrement sec sur l'ensemble du pays, ce qui s'inscrit dans la logique de diminution des précipitations hivernales observées en Nouvelle-Calédonie du fait du changement climatique (tendance : - 15 mm par décennie en juin depuis 1972). Cette année, on a observé des alizés stables largement dominants en mai, août et septembre, tandis qu'en juin, bien que nombre de perturbations australes aient circulé au sud du pays, elles n'ont été que peu actives à notre latitude et n'y ont donc engendré que très peu de pluie. Sur l'ensemble de cette période de mai à septembre, le déficit pluviométrique atteint - 41 % à l'échelle pays. En conséquence, la saison sèche 2024 a une fois encore été très propice au risque de feu, comme en témoigne la journée du 11 septembre 2024 où 28 communes sur 33 étaient exposées à un risque extrême ou très élevé (illustration 9). Elle a occasionné aussi des problèmes d'accès à la ressource en eau pour certains secteurs d'activité ou dans certaines communes du nord-ouest de la Grande Terre notamment.
Au cours de cette période néanmoins, le mois de juillet a été abondamment arrosé : en cause, un double épisode orageux particulièrement actif qui a touché le pays entre le 7 et le 18 juillet et y a apporté d'importants cumuls de pluie, notamment sur le sud et l'est de la Grande Terre ainsi qu'aux Loyauté (voir le paragraphe : Épisodes pluvieux remarquables).

[Link]
Illustration 9 : Carte du risque de feu de forêt publiée sur le site Internet meteo.nc le mercredi 11 septembre 2024.
Source : Météo-France Nouvelle-Calédonie

Octobre a été le mois de transition entre la sécheresse subie depuis mai et les fortes pluies de fin d'année : sous l'influence d'un épisode La Niña naissant, les conditions climatiques ont été propices à un retour progressif des pluies, qui ont été conformes aux valeurs de saison ce mois-ci (0 %).

En novembre et décembre, avec une signature climatique « La Niña » qui s'affirme (même si le phénomène n'a été officiellement déclaré qu'en décembre), et notamment sous l'effet d'un océan particulièrement chaud aux abords du pays (illustration 10), des intrusions répétées de masses d'air humides et chaudes d'origine tropicale ont eu lieu sur la Nouvelle-Calédonie où elles ont occasionné autant de perturbations pluvio-orageuses. Le bilan pour ces deux mois a donc été excédentaire de +44 %.

[Link]
Illustration 10 : Anomalies mensuelles de température de l'océan superficiel exprimée en °C, en décembre 2024, par rapport à la période de référence 1993-2016.
Source : MERCATOR OCEAN - SYSTEM FOR GLOBAL OCEAN PHYSICAL ANALYSIS

Au fil des mois et de la diversité de temps qui les a accompagnés, 2024 a été marqué par le passage de quelques épisodes pluvieux remarquables (illustration 11) dont certains ont pu occasionner des valeurs remarquables de cumul de précipitation ou provoquer des inondations d'ampleur.

[Link]
Illustration 11 : Épisodes pluvieux en 2024, pour lesquels au moins une station a enregistré un cumul quotidien ≥ 100 mm, et pour lesquels le cumul pays moyen de l'ensemble des stations disponibles est ≥ 50 mm sur la durée totale de l'épisode. La taille des bulles est proportionnelle au cumul de pluie moyen de l'épisode (la valeur du cumul moyen au cours de l'épisode, exprimée en mm, est indiquée au centre de chaque bulle).
Source : Météo-France Nouvelle-Calédonie.

Parmi ces épisodes remarquables dont le détail est consultable sur la page Actualités de notre site Internet, on retiendra (cliquer sur les liens pour plus de détails) :

  • La dépression tropicale faible TD05f du 31 janvier au 7 février, qui a notamment provoqué des précipitations inédites à Maré le 3 février, avec 281,6 mm de pluie en 3 heures, ce qui a inondé l'aérodrome.
  • Une succession quasi continue d'averses orageuses du 3 au 20 mars qui ont touché tout le pays, les cumuls les plus forts ayant été enregistrés sur le sud de la Grande Terre, la côte Est et les Loyauté. À cette occasion, la station de Borindi a enregistré 281,6 mm de pluie en 24 heures le 19 mars, soit un record de rang 2 pour un mois de mars à cette station.
  • La perturbation tropicale du 21 au 24 avril, dont les cumuls les plus abondants ont touché la côte Est et le sud de la Grande Terre où l'on a enregistré jusqu'à 473 mm en 4 jours à Goro Ancienne Pépinière (station PRNC située sur la commune de Yaté).
  • Un double épisode pluvio-orageux, principalement actif du 11 au 13 juillet d'abord, puis le 18 ensuite, qui a principalement touché le sud-est de la Grande Terre et le sud des Loyauté et a occasionné à la station de La Roche, à Maré, pas moins de 392 mm de pluie, soit l'équivalent de presque 4 mois de pluies. Bien qu'exceptionnelles, ces précipitations ne constituent pas pour autant un record à Maré.

Par ailleurs, ne figurant pas parmi les épisodes qui ont touché l'ensemble du pays, mais qui restera néanmoins mémorable cette année :

  • Un orage stationnaire d'une intensité record sur l'île des Pins, le 13 septembre entre 5 et 11 heures du matin à Vao, et qui a provoqué, avec environ 300 mm d'eau en 1 heure et plus de 500 mm en 6 heures (valeurs enregistrées par le radar) un torrent d'eau qui a envahi le village (source : NC La Première). Voir illustrations 12 et 13.


Illustration 12 : Lame d'eau radar ANTILOPE, le 13/09/2024 entre 8 et 9 h du matin.
Source : Météo-France Nouvelle-Calédonie.

Bilan des températures en Nouvelle-Calédonie : 3ᵉ année la plus chaude depuis le début des mesures.

Température annuelle et classement de l'année 2024

Avec une température moyenne annuelle2 de 24,3 °C, soit une température de +0,7 °C au-dessus de la normale (période de référence : 1991-2020), l'année 2024 est la 3ᵉ année la plus chaude en Nouvelle-Calédonie depuis le début des mesures, après 1998 et 2022 (illustration 14). Ces températures particulièrement élevées malgré la présence d'un épisode El Niño de forte intensité en début d'année qui aurait dû les tirer vers le bas, est la conséquence directe du réchauffement climatique actuel (+1,3 °C en 50 ans en Nouvelle-Calédonie).

[Link]
Illustration 14 : Écart à la normale 1991-2020 des températures moyennes annuelles en Nouvelle-Calédonie de 1965 à 2024. La ligne en pointillés montre la tendance au réchauffement.
Source : Météo-France Nouvelle-Calédonie.

2 Température moyenne annuelle: Moyenne établie à partir des données de 9 stations météorologiques disposant de normales 1991-2020 et réparties uniformément sur la Nouvelle-Calédonie.

Évolution des températures au fil des mois : des températures excédentaires presque toute l'année

Malgré la présence d'El Niño entre janvier et avril, les températures océaniques au voisinage de la Nouvelle-Calédonie sont restées anormalement élevées (illustration 4) ce qui a contribué à maintenir des nuits particulièrement chaudes durant cette période (illustration 15), tandis qu'à la faveur d'un ciel souvent couvert en journée, les températures diurnes sont restées quant à elles voisines des valeurs de saison (illustration 16).

Le mois de mai, sous l'influence d'alizés soutenus omniprésents, est le seul mois de l'année à afficher des températures inférieures aux normales.

À partir de juin et jusqu'en décembre, les températures se sont maintenues au-dessus des valeurs de saison, de jour comme de nuit. Si l'approche de La Niña en toute fin d'année a pu contribuer à cette augmentation des températures, c'est là encore la marque du réchauffement climatique qui a été en œuvre pour justifier ces valeurs systématiquement élevées durant toute cette période.