12/29/2025 | Press release | Distributed by Public on 12/30/2025 18:07
Pour comprendre ce que cette solution change concrètement, Joachim Pasquet, délégué général du Réseau Cohabilis, et Izaïa Boulay, 26 ans, qui a vécu pendant un an chez Isabelle Guilchert, 60 ans à l'époque, racontent leur expérience.
Joachim Pasquet : Pour les personnes âgées, la cohabitation intergénérationnelle permet de rompre l'isolement, de retrouver un rythme, une présence bienveillante et un sentiment de sécurité. Pour les jeunes, elle rend possible un logement accessible dans un contexte de forte tension immobilière. Cette relation du quotidien, simple et chaleureuse, a un impact tangible sur le bien-être des deux.
En recréant du lien, on agit directement sur la santé mentale : le jeune retrouve un cadre de vie plus serein ; l'aîné se sent utile et accompagné.
Joachim Pasquet
Izaïa Boulay : Avant la cohabitation, j'habitais chez mes parents, à une heure de bus de Quimper, sans revenus et sans possibilité de me loger. La situation était stressante et sans perspective. Vivre avec Isabelle m'a permis de me projeter, de gagner en autonomie et de retrouver confiance. Et cela lui a également fait du bien : elle avait quelqu'un avec qui échanger, partager un repas. C'était une présence rassurante pour elle comme pour moi.
J.P. : Les premières rencontres sont décisives. Les associations de notre réseau accompagnent chaque étape pour que la relation soit équilibrée et volontaire. Les appréhensions existent : pour le jeune, celle d'être perçu comme un aidant ; pour le senior, celle de perdre une part de son intimité. Notre rôle est de sécuriser ce cadre afin que chacun trouve sa place et choisisse de vivre en cohabitation.
I.B. : J'avais un peu d'appréhension : est-ce qu'on allait me demander trop de choses ? Est-ce que j'allais vraiment être libre ? Dès le premier café avec Isabelle et l'ADIJ22, l'association qui nous accompagnait, toutes les craintes se sont dissipées. On s'est immédiatement bien entendus. On vivait comme une famille, dans le respect. On dînait ensemble, je faisais parfois des courses, mais rien n'était imposé.
J.P. : Pour les jeunes, la cohabitation intergénérationnelle est souvent un tremplin : elle facilite l'accès à l'emploi, stabilise des parcours fragiles et redonne de la visibilité sur l'avenir. Pour les seniors, l'effet est tout aussi fort : ils retrouvent du lien, du rythme et une reconnaissance sociale. C'est une réponse très concrète et très efficace à l'isolement.
I.B. : Ça m'a véritablement débloqué la vie. Grâce à ce logement, j'ai pu accepter une mission d'intérim, économiser, puis louer un studio. Aujourd'hui je suis en CDI. Et humainement, j'ai gagné une « deuxième mamie ». On se voit encore presque tous les dimanches. Cette rencontre a été déterminante dans mon parcours. C'est pour ça que je dis aux jeunes : si vous en avez la possibilité, foncez !
Humainement, j'ai gagné une « deuxième mamie » (...) C'est pour ça que je dis aux jeunes : si vous en avez la possibilité, foncez !
Izaïa Boulay
J.P. : Avec le vieillissement de la population et les difficultés d'accès au logement, cette solution doit se développer davantage. Cela implique un soutien pérenne, un financement adapté et une reconnaissance institutionnelle du rôle des associations qui accompagnent les binômes.
I.B. : Il faut surtout la faire connaître. Beaucoup de jeunes sont dans des situations compliquées, comme je l'étais, mais ignorent que cette solution existe. Et pour les personnes âgées, avoir quelqu'un au quotidien, même ponctuellement, change vraiment les choses.