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10/06/2025 | Press release | Distributed by Public on 10/06/2025 02:53

Lutte contre le VIH au Burkina Faso : de la peur à l’espoir

Lutte contre le VIH au Burkina Faso : de la peur à l'espoir

06 octobre 2025

Ouagadougou - « Quand j'ai appris que j'étais séropositive, j'ai cru que ma vie était finie. Je voulais mourir. Mais aujourd'hui, je suis en pleine forme. Je fais mon commerce, je vis normalement », confie (Alimata), commerçante à Dori et sous traitement antirétroviral (ARV) depuis 2007. Son regard est serein, mais son histoire témoigne des défis qu'elle a surmontés.

Le Burkina Faso a accompli des progrès remarquables en matière de lutte contre le VIH. En 1997, le taux de prévalence du VIH était de 7,17 %, pour tomber à 0,6 % en 2023 selon le rapport ONUSIDA 2024. Ce recul spectaculaire est le fruit d'une riposte multisectorielle, d'un engagement politique fort et d'une mobilisation communautaire sans précédent. Le pays est aujourd'hui cité en exemple dans la sous-région pour la baisse continue des nouvelles infections et l'amélioration de la qualité de vie des personnes vivant avec le VIH (PVVIH).

Comme beaucoup d'autres personnes, Alimata a traversé une période de désespoir après son diagnostic. La peur de la mort, la stigmatisation, le rejet social… autant de barrières qui, autrefois, semblaient infranchissables. « Au début, je n'osais pas en parler, même à mes proches. J'avais peur d'être rejetée, de ne plus pouvoir m'occuper de mes enfants », se souvient-elle. Mais grâce à un système de santé renforcé, des médicaments accessibles et un accompagnement rapproché, elle a pu reprendre le contrôle de sa vie. « J'ai trouvé du soutien auprès des soignants et des conseillers. Petit à petit, j'ai compris que le VIH n'était plus une fatalité. »

Aujourd'hui, selon les estimations de l'ONUSIDA, le pays compte environ 95 000 personnes vivant avec le VIH. La couverture des femmes enceintes séropositives sous traitement est passée de 45 % en 2015 à 72,91 % en 2023. Parmi les enfants nés de mères séropositives, 98,73 % étaient séronégatifs en 2023. Ces chiffres traduisent une amélioration significative de la prévention de la transmission mère-enfant et témoignent de l'efficacité des stratégies mises en place. Le nombre de décès liés au VIH a également diminué, passant de plus de 3 000 par an il y a dix ans, à environ 2 600 en 2023.

L'Organisation mondiale de la Santé (OMS) a joué un rôle clé dans cette transformation, notamment en soutenant la stratégie « Test and Treat », qui consiste à proposer un traitement antirétroviral immédiat à toute personne dépistée positive au VIH, quel que soit le stade de la maladie. Cette approche accélère la réduction de la charge virale et limite la transmission du virus. L'OMS a aussi appuyé l'élaboration de la stratégie et du guide sur les Approches différentiées des services (ADS) qui prend en compte le ravitaillement de 6 mois de médicaments aux PVVIH et le ravitaillement communautaire en dehors des services de santé (RaCoDESS) en ARV et la mise en place d'Indicateurs d'alerte précoce (IAP) pour surveiller la qualité des soins et prévenir les résistances. Grâce à ces outils, le pays a pu adapter ses interventions jusqu'au niveau des formations sanitaires périphériques et garantir l'accès aux médicaments, même dans les zones les plus reculées.

L'appui de l'OMS ne s'arrête pas à l'aspect médical. L'Organisation accompagne aussi le renforcement des capacités des équipes nationales, la formation des prestataires de soins et l'élaboration de protocoles adaptés aux réalités locales. Elle soutient la gratuité des ARV, la disponibilité des examens biologiques, l'approvisionnement en intrants dans les zones à défis sécuritaires et la mise en place de systèmes de suivi pour éviter les ruptures de stock. Ce partenariat technique et financier a permis au Burkina Faso de maintenir le cap, même dans un contexte marqué par des défis sécuritaires et économiques.

Le Dr Natyon Dieudonné Soma, Coordonnateur du Programme sectoriel santé de lutte contre le sida, souligne l'importance de ces avancées. « La gratuité des ARV, des examens biologiques, et la disponibilité des intrants ont été des leviers majeurs pour améliorer la qualité de vie des patients. L'implication communautaire et le leadership politique ont été déterminants dans la réussite de la riposte. »

Sur le terrain, les prestataires de soins sont les piliers de cette lutte. Pr Ismaël Diallo, responsable de la file active au CHU Yalgado Ouédraogo, suit plus de 1 500 patients. « Le suivi à long terme est un défi, surtout avec le vieillissement des cohortes. Mais la priorisation de la lutte contre le VIH par les décideurs et l'implication communautaire ont changé la donne. Aujourd'hui, nous voyons des patients qui, autrefois condamnés, mènent une vie normale grâce à la prise en charge continue », explique-t-il tout en insistant sur la nécessité de poursuivre la sensibilisation, notamment auprès des jeunes afin d'éviter un relâchement dans la prévention.

Les acteurs communautaires sont quant à eux les visages de l'espoir. Moné Marou, conseiller psychosocial depuis 2006, a accompagné des centaines de personnes dans leur parcours de soins. Il se souvient d'un cas marquant. « Une dame, après avoir reçu son résultat positif, avait laissé une note de suicide. Grâce à l'intervention rapide de sa famille et à notre accompagnement, elle a renoncé à ces plans et a accepté de se faire suivre », partage-t-il avec émotion. Ces histoires illustrent la force du soutien communautaire et l'importance de l'écoute et de l'accompagnement dans la lutte contre la stigmatisation. Les groupes de parole, les visites à domicile et les clubs d'observance sont devenus des espaces essentiels pour briser l'isolement et redonner confiance aux personnes vivant avec le VIH.

L'OMS continue d'appuyer le Burkina Faso dans le renforcement de la surveillance épidémiologique, la pharmacovigilance et l'adaptation des protocoles thérapeutiques. Elle accompagne également la mise en œuvre du Cadre Stratégique National 2023-2026, qui vise à atteindre les objectifs « 95-95-95 » d'ici 2026 : 95 % des personnes vivant avec le VIH connaissent leur statut, 95 % de celles-ci sont sous traitement et 95 % des personnes traitées ont une charge virale indétectable. Ces objectifs ambitieux sont désormais à portée de main, grâce à la mobilisation de tous les acteurs, des autorités sanitaires aux associations de patients.

« L'OMS est fière de soutenir le Burkina Faso dans sa lutte contre le VIH. Les progrès réalisés sont le fruit d'un engagement collectif, et nous continuerons à accompagner le pays pour atteindre l'élimination du VIH comme menace pour la santé publique », déclare le Dr Casimir Manzengo, chargé du Programme de lutte contre le VIH au bureau de l'OMS au Burkina Faso.

Il convient de souligner que la lutte contre le VIH/Sida au Burkina Faso est portée par un leadership politique fort, avec le Chef de l'État à la tête du Conseil National de Lutte contre le Sida. La riposte repose sur une approche multisectorielle coordonnée, structurée autour de plans stratégiques quinquennaux et d'un Cadre Stratégique National, assurant une réponse cohérente et alignée sur les engagements tant nationaux qu'internationaux.

Au fil des années, la lutte contre le VIH au Burkina Faso est devenue bien plus qu'un combat médical : c'est un symbole de solidarité, de résilience et d'espoir partagé. Derrière chaque statistique, il y a des visages, des familles réunies, des vies sauvées et des rêves qui renaissent. Si le chemin reste parfois semé d'embûches, la force collective et la détermination de toute une communauté permettent d'avancer, de surmonter les épreuves et de croire en des lendemains meilleurs.

« Parfois, la route est longue et difficile pour aller chercher mes médicaments, mais je n'ai jamais abandonné. Je me bats chaque jour pour mes enfants, et tant que j'ai l'espoir, je sais que j'ai encore de beaux moments à vivre », affirme Alimata, la voix pleine de gratitude et de courage.

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Pour plus d'informations ou pour demander des interviews, veuillez contacter :
Kadijah Diallo

Chargée de communication
Bureau Régional de l'OMS pour l'Afrique
Email: dialloka[at] who.int(dialloka[at]who[dot]int)

Oumarou Tarpaga

Chargé de communication

OMS Burkina Faso

oumarou.tarpaga[at] who.int(oumarou[dot]tarpaga[at]who[dot]int)

+22670760485

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