Chroniqueur bien connu des médias, Bertrand Chameroy a surpris et touché de nombreux téléspectateurs et auditeurs en choisissant récemment de parler ouvertement de la dépression qu'il a traversée, de son passage en clinique et de l'aide thérapeutique qui l'a accompagné. Dans cet entretien, il revient sur ce chemin personnel, sur les craintes qu'il a dû dépasser, et sur la nécessité d'encourager chacun à demander de l'aide.
Pourquoi avoir choisi de parler publiquement de votre dépression et de votre passage en clinique ?
Au départ, je n'en avais aucune envie. La première fois qu'un journaliste m'a demandé pourquoi j'avais été absent, j'ai parlé… d'une grippe. Je tenais à ma vie privée et je ressentais encore une forme de honte, difficile à expliquer.
Mais au cours d'une interview suivante, on m'a reposé la question. Et je me suis dit qu'il n'y avait aucune raison d'avoir honte. Le tabou de la santé mentale se lève peu à peu, mais reste très présent. Et dire la vérité m'a libéré. Je sais que si j'ai consulté un spécialiste, c'est parce que mes proches ont accueilli ma parole sans jugement. À mon humble échelle de personnalité publique, je me suis dit que ma parole pouvait peut-être aider.
« On vit dans une société où l'on ne doit jamais montrer de faiblesse, et quand on est exposé médiatiquement, c'est encore plus vrai. »
Bertrand Chameroy
Avez-vous d'abord tenté de minimiser ce que vous ressentiez ? Et pourquoi est-il si difficile de demander de l'aide ?
Je gardais tout pour moi, même face à des gens qui me connaissent parfaitement. On vit dans une société où l'on ne doit jamais montrer de faiblesse, et quand on est exposé médiatiquement, c'est encore plus vrai. Quand j'ai fini par en parler publiquement, j'ai reçu énormément de messages : des confrères qui avaient vécu la même chose, mais surtout des anonymes. Beaucoup me disaient : « Vous entendre en parler, ça m'aide à me sentir moins seul ». C'est là que j'ai compris que j'avais eu raison.
Le meilleur conseil que je puisse donner, c'est de ne pas rester seul avec son mal-être. Consulter un spécialiste, c'est une première étape essentielle.
« Décider d'aller en clinique, accepter un traitement, m'engager dans un suivi régulier… à 37 ans, c'est le plus beau cadeau que j'ai pu me faire. »
Bertrand Chameroy
Vous évoquez aussi l'importance d'accepter un traitement. Comment l'avez-vous vécu ?
Je l'ai refusé pendant des années. Pour moi, le traitement représentait une sorte de « dernière étape », avec plein de clichés autour. Puis j'ai compris que je n'y arriverais plus seul, même avec un soutien psychologique. Accepter le traitement comme on utilise une béquille : ça m'a permis d'y voir moins flou, de retrouver un peu de sérénité. Aujourd'hui, oui, je gère mieux. Je ne prétends pas être un porte-parole, mais je sais à quel point cela m'a aidé, donc j'en parle.
Comment avez-vous vécu cela en tant que personnalité publique ? Et que retenez-vous de cette épreuve ?
Le plus difficile, c'était le silence que je m'imposais. Alors que quand j'ai osé en parler, je n'ai reçu qu'empathie, écoute et soutien. Mon passage en clinique - trois semaines - a aussi complètement brisé les clichés que j'avais en tête : j'y ai rencontré des personnes formidables, de tous âges, avec qui j'ai échangé, fait des activités… Certains sont devenus des amis.
Si je dois résumer ce que j'en retiens : décider d'aller en clinique, accepter un traitement, m'engager dans un suivi régulier… à 37 ans, c'est le plus beau cadeau que j'ai pu me faire. Et je crois que multiplier les prises de parole publiques, les campagnes, les actions sur la santé mentale est indispensable. Le chemin est encore long, mais chaque parole compte. Parler peut sauver.
« Parlons santé mentale ! ». Plus qu'un slogan, cette formule est une ambition pour notre société portée par le Gouvernement, qui a fait de la santé mentale la grande cause nationale...